31/07/08

Travail de Fin d'Etude (6)

5. Annexes.

A) Interview de Simon Aubert, auteur des blogs « Libre et Libéral » et « Aperto Libro ».

Si tu devais adopter un symbole, quel serait il ? Pour quelles raisons ? Quelle est sa signification ?

Sans nul doute le Gadsden Flag, l'étendard de la Liberté, un des emblèmes les plus populaires du mouvement libertarien apparu lors de la Révolution Américaine. Il représente un crotale sur fond jaune accompagné d'un « Don't tread on me » (« Ne me marchez pas dessus ») vindicatif. Une illustration parfaite de l'axiome de non-agression et de l'esprit frondeur du mouvement.

Que représentent pour toi les termes « néo-libéral » et « ultra-libéral » ?

Une mauvaise pantalonnade dont on nous abreuve ad nauseam depuis quelques décennies. Il s'agirait de distinguer les « bons » libéraux, ceux qui sont prêts à se fourvoyer avec la social-démocratie (l'on peut assister à une telle corruption au sein du Parti Libéral -sic- en Suisse ou en Grande-Bretagne, se prévalant de la démocratie et d'un équilibre entre l'Etat et le marché -resic-) des libéraux historiques, héritiers de la pensée grecque, de Tocqueville, des Founding Fathers et plus récemment de Rothbard ou Hayek. Certains y percoivent une volonté à peine dissimulée de nous associer aux fascistes (néo-nazis, néo-fascistes, « ultra »..). Nos détracteurs s'en défendent en prétendant pourfendre une « forme pervertie de libéralisme » mais n'hésitent pas à affubler les seuls et uniques libéraux authentiques du préfixe « ultra ». Ils sont plus généreux avec « néo » : Sarkozy ( la nausée, toujours), Bush (lequel serait sans doute surpris), ou n'importe quel entrepreneur félon vivant des subsides de l'État. Etrangement, ils s'avèrent aussi parmi les premiers à voir dans le communisme un idéal noble, à mille lieues du fameux stalinisme ( car l'on sait tous que Lénine fut un homme de bien, sans cette folie typique des dirigeants soviétiques... une grande parade de génie). Moins commun, il m'est arrivé de lire dans la prose catholique intégriste des incongruités encore plus surréalistes : PolPot, Staline, Hitler... seraient libéraux (une note de la Trêve de Dieu, officine catholique dieu merci confidentielle, parue il y'a quelques temps). Novlang, Novlang..


Quelle est l’opinion libérale quant à des organisations supranationales comme l’ONU ou l’UE ?

Aujourd'hui l'un des plus grands périls qui pèsent sur la Liberté : l'union sacrée des tyrans, des despotes, des mafias, des gangs que l'on nomme « gouvernement ». La perspective de voir ces germes prometteurs d'un gouvernement mondial, centralisé ou pas, ne saurait ravir ceux qui combattent, et avec moult difficultés s'il en est, des gouvernements nationaux déjà par trop puissants. Le conseil des Droits de l'Homme de l'ONU est devenu un sujet de plaisanterie au sein de la communauté libérale, tant il est strictement l'inverse de ce qu'il prétend être. Il suffit de se rendre sur internet pour y retrouver les États qui y siègent. Orwell toujours : « la liberté, c'est l'esclavage ». Pour l'ONU, cela donne « les garants de la liberté, ce sont les esclavagistes ».
L'UE a rencontré à ses débuts une aversion moins vive de la part des libéraux pour une raison simple : facilitation des échanges et quelques gestes en faveur de la concurrence. Une époque aujourd'hui révolue: l'URSSE verse plutôt dans l'homogenéisation socialiste que dans la conquête de la Liberté.

Selon toi, pourquoi si peu de personnes sont touchées par les idées libérales ?

La crainte de la liberté n'est pas à proprement parler un phénomène nouveau. Etienne de la Boétie l'a merveilleusement bien analysée dans son « De la Servitude volontaire » il y'a de cela près de cinq siècles. Viennent aujourd'hui s'ajouter à la lobotomisation, à la cuistrerie profonde et l'inconséquence de la population près d'un siècle de propagande soviétique, à la dialectique rodée, travaillée pour séduire en jouant sur l'émotion, le pathos et le mensonge éhonté lorsque les libéraux se contentent de raisonner, en se fendant d'écrits non seulement brillants pour leur valeur démonstratrice, didactique, mais excellant par leur plume légère, leur liberté de ton. Ayn Rand, Spooner, et surtout le français Frédéric Bastiat en sont de parfaits exemples. Le même Frédéric Bastiat écrivait ceci : « Bon Dieu ! que de peine à prouver, en économie politique, que deux et deux font quatre; et, si vous y parvenez, on s'écrie : "c'est si clair, que c'en est ennuyeux." - Puis on vote comme si vous n'aviez rien prouvé du tout.»

Pourquoi « libre et libéral » ?

L'éthique libérale ne saurait suffire à vivre pleinement, il s'agit, ainsi que je l'écrivais plus haut, d'une philosophie qui se cantonne au Droit. Il convient d'y adjoindre une philosophie plus « personnelle », plus « complète » dont la subversion, l'esprit dissident, provocateur restent des éléments essentiels.

27/07/08

Travail de Fin d'Etude (5)

3. Synthèse.

A) Le libéralisme.

Le libéralisme est un courant de pensée (et non une idéologie) basée sur la liberté des individus et sur une vision individualiste du monde (on ne parlera d’ailleurs pas de peuple, mais d’un groupe d’individus). Cette philosophie, née durant le Siècle des Lumières, affirme que l’homme possède des droits naturels fondamentaux qu’aucun pouvoir coercitif ne peut violer. C’est dans cette optique que les libéraux s’opposent à toute forme d’état interventionniste ou totalitaire. Cependant il existe même au sein du libéralisme, différents courants pouvant être différenciés. Les deux grands courants s’opposant sont d’abord le conservatisme et le libertarianisme. Le premier ne désire pas de grand changement, préférant garder le système actuel avec ses aspects libéraux et anti-libéraux. Il défend la liberté sur le plan économique, mais dans une moindre mesure sur le plan personnel, il se fait partisan de certaines valeurs telles que le travail, la famille, la religion, la partie,… Et est un farouche défenseur de la propriété privée. Le second courant est principalement axé sur la disparition ou la minimalisation de l’Etat. Il est composé de deux grandes branches, la première, le minarchisme, est partisane d’un état minimal, limité à ses fonction régaliennes que sont la police, la justice et l’armée, transparent au maximum, cet état se doit de garantir le respect des droits des minorités. La seconde branche, l’anarcho-capitalisme, refuse à l’Etat toute légitimité qui soit, préférant un monde régulé par l’économie de marché plutôt qu’un état interventionniste.

Il est également intéressant de faire mention de l’agorisme, philosophie fort proche de l’anarcho-capitalisme, elle fut établie par Samuel Edward Konkin III, dans son Manifeste néo-libertarien. Les agoristes partagent la plupart des idées libertariennes, mais ils cessent totalement de croire en la légitimité du gouvernement et participent à la contre économie afin d’éviter tout contrôle et/ou taxation de l’Etat. Ce mouvement pacifiste ne reconnaît pas la propriété intellectuelle, mais est très favorable à la propriété privée, que celle-ci soit individuelle ou collective. Un dernier point qui les différencie des libertariens est le fait qu’ils ne sont fondamentalement pas contre la propriété publique, tant que celle-ci n’est pas sous contrôle d’un Etat quelconque.

B) Le capitalisme.

Au niveau économique, le libéralisme est partisan d’une économie de marché (capitalisme) et s’oppose ainsi au collectivisme ou à la simple intervention de l’Etat dans le système économique (keynésianisme). On peut définir le capitalisme comme étant principalement la privation des moyens de production (travail et capital), et de là, la liberté totale de disposer des biens, du travail et de ses fruits. Le capitalisme est évidemment partisan d’une certaine liberté dans les échanges économiques, et donc d’une ouverture des frontières.

Si notre société est régulièrement citée comme étant capitaliste, rien n’est plus faux puisque le capitalisme au sens premier du terme est contre toute intervention de l’Etat dans le système économique. Or, la moindre taxation ayant pour but de financer une quelconque organisation étatique, est une intervention de l’Etat, et ne nous permet alors pas de parler de capitalisme. On dira par contre économie mixte.

C) L’individualisme.

Le libéralisme est donc un courant de pensée individualiste, c'est-à-dire qui nie toute définition de l’individu comme faisant partie d’une communauté. Dans cette optique, ils s’opposent à toute doctrine holiste (selon laquelle l’individu serait entièrement ou du moins partiellement influencé par son environnement ainsi que par les gens qui l’entourent, faisant partie d’un corps social, l’individu serait donc subordonné à celui-ci, il devrait donc y accorder ses actes et ses choix) comme le socialisme, le communiste ou toute autre sorte d’étatisme ou de communautarisme. Cependant, les individualistes ne nient pas le fait que l’individu a besoin de la société pour vivre, il édicte alors une loi qui est l’axiome de non agression.

D) L’axiome de non agression.

Cet axiome est un pilier de base dans le libéralisme, avec le concept de droit naturel. L’axiome de non agression stipule qu’aucun individu ou groupe d’individu n’a le droit de porter atteinte à un autre individu ou à sa propriété. L’idée de cet axiome est que pour arriver à une société de paix, est que personne ne soit source de conflit.John Stuart Mill définit ainsi ce principe, dans son ouvrage De la Liberté :
« Ce principe est que la seule fin pour laquelle les hommes sont justifiés individuellement et collectivement à interférer avec la liberté d'action de n'importe quel d'entre eux est l'autoprotection. La seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée d'user de la force contre un de ses membres, contre sa propre volonté, est d'empêcher que du mal ne soit fait à autrui. Le contraindre pour son propre bien, physique ou moral, ne fournit pas une justification suffisante. »

E) Le concept de Droit Naturel.

Les droits naturels de l’Homme sont les droits qui découlent naturellement du fait que l’homme est un homme. Pour les libéraux, ces droits sont inaliénables, innés et tout gouvernant se doit de les respecter, et de tout mettre en œuvre afin de les faire respecter. Les droits naturels sont à différencier des droits dont l’homme dispose à l’état de nature, qui ne sont que le signe de la loi du plus fort. On parle également de jusnaturalisme lorsque qu’on parle de toute théorie sur le droit naturel.

D) Objectivisme.

L’objectivisme est une vision du monde qui, comme son nom l’indique, se base sur l’objectivité, préférant la réalité à tout produit subjectif de l’Esprit. Selon cette doctrine philosophique, la réalité est composée des phénomènes qui existent en dehors de l’individu et continue à exister si celui-ci cesse d’y croire. L’objectivisme randien, philosophie individualiste pensée par Ayn Rand qu’on peut appeler libertarianisme.

4. Conclusion générale.

Ce travail a été très enrichissant pour ma façon de réfléchir et ma mentalité. Il y a plusieurs choses chez moi que j’ai remis en question, surtout le fait que je faisais toujours une différence entre nazisme et socialisme. Après de longues réflexions personnelles, je me suis dit qu’au fond Hayek n’avait pas tord, et que sa théorie tenait la route.

Bien sur, je ne suis pas devenue libérale pour la cause, il y a des idées que j’apprécie dans le libéralisme, mais je suis également favorable à la présence de l’Etat et à son intervention dans les systèmes économiques. Pour moi, il est évident que l’Etat doit assumer ses fonctions régaliennes ainsi que l’enseignement, mais ça ne s’arrête pas là, je pense que des services comme les soins de santés et la sécurité peuvent être privatisés, mais que l’Etat doit tout de même y intervenir un minimum afin d’en garantir à chacun l’accès.

Les idées libérales ne sont pas moins légitimes que d’autres, elles sont tout autant subjectives, mais par rapport aux théories socialistes et communistes, elles semblent toujours d’actualité à l’heure actuelle, elle apportent également au monde une alternative aux idée planistes ou proches de celles-ci.

Travail de Fin d'Etude (4)

Chapitre quatorzième : conditions matérielles et fins idéales.

On remarque une montée du désintérêt envers l’économie, et dans un même temps une montée de l’impatience quant à toute restriction d’ambition immédiates, et également une faible disposition à se plier à diverses nécessités économiques. Dans un même temps, les vertus qui se voient être les moins appréciées sont celles sur lesquelles repose la société individualiste : l’indépendance, la confiance en soi, l’aptitude à défendre ses opinions contre la majorité, la disposition à aider son prochain,…

Dans une société libre, notre liberté individuelle ne permet pas la poursuite d’un but unique, si ce n’est pour des guerres ou des catastrophes naturelles qui sont le prix à payer pour la conservation de la liberté permanente, même la lutte contre le chômage ne peut en être une, en effet, si elle mérite notre sollicitude, elle ne doit simplement pas absorber tous nos efforts à l’exclusion d’autres buts personnels. La réalisation de la plupart de nos espoirs dépend d’un progrès économique rapide, possible à la condition que la liberté de chacun soit respectée.

Chapitre quinzième : les perspectives d’un ordre international.

L’abandon du libéralisme du XIXè siècle a coûté cher aux relations internationales. Les conflits internationaux provoqués par des conceptions variables du planisme nous fait comprendre que aussi longtemps qu’un pays jugera libre d’employer tous les moyens qui semblent utiles à ses intérêts, aucune paix durable ne sera possible, et toute tentative d’instaurer un ordre international sera vouée à l’échec. Car il ne faut pas que les relations internationales, au lieu d’être des relations entre individus, ne deviennent des relations entre nations économiques et entités organisées. Il ne faudrait pas que la victoire contre le nazisme marque le début d’un monde où de nombreux nationaux socialismes, différents mais semblables du point de vue totalitaire et planiste, entreraient périodiquement en conflit les uns avec les autres.

Une majorité de la population pense qu’en laissant au peuple le choix de décider, la solidarité au niveau intérêt des classes ouvrières de tous les pays triompherait de ce qui sépare les classes dirigeantes, ce qui contribue notamment à faire croire à la possibilité de mettre en place une organisation internationale démocratique adepte d’un planisme économique centralisé. Or, on remarque une impossibilité fréquente des autorité planistes à régler des conflit dans un contexte national, qu’en serait il alors d’une organisation identique dans un contexte international, avec plus de mentalités divergentes ?

Par contre, il est vrai qu’une entité supranationale dont le but serait de simplement aider les peuples plus pauvres à la reconstruction ainsi qu’à l’élévation de leur niveau de vie, peut être utile à partir du moment où l’aide se limite à ça. Il n’est pas nécessaire de mettre en place un plan, ou d’intervenir d’une quelconque manière dans la gestion économique du pays, mais simplement d’apporter une aide.

La forme fédérale semble, pour le libéralisme, la plus légitime afin de permettre à des peuples différents de créer un ordre international sans mettre de bâtons dans les roues de leur désirs d’indépendance. C’est la seule manière plausible de mettre en pratique l’idéal de la loi sur un plan international et de tenter de conserver une paix mondiale.

5/07/08

Travail de Fin d'Etude (3)

Chapitre huitième : pour qui ?

Un argument planiste revient assez régulièrement contre le système de concurrence, selon lequel ce dernier serait aveugle. La concurrence, comme la justice, n’ont pourtant que ce mérite de ne pas tenir compte des considérations personnelles.

L’alternative à ce système aveugle serait donc ce système planiste, où la volonté de quelques personnes décideraient de quoi attribuer et à qui. Un système qui offre de grandes possibilités de diminuer les inégalités des chances dans le sens où l’initiative personnelle serait sauvegardée, tout en imposant pas aux uns les opinions des autres.

Les planistes oublient, en développant leur théorie, qu’en mettant toutes les propriétés privées à la disposition de l’Etat (comme moyens de productions), il permet en même temps à celui-ci de décider de tous les revenus. Alors que dans une société à économie libre, on est dépendant d’un propriétaire dans la mesure où celui-ci nous offre quelque chose à de meilleures conditions que d’autres, c’est ainsi que va la liberté.

L’interdépendance de tous les événements économiques ne permet donc pas, comme certains le désirent, de « stopper » le planisme à un point voulu.

Les planistes voient dans l’égalité la solution pour leur idéal de justice distributive. L’égalité complète et absolue pour tous les individus, et dans toutes les situations. Dans une situation donnée, comme le bénéfice d’un travailleur, celui-ci ne peut prétendre la totalité de ce bénéfice en vertu de cette justice distributive, l’on devra alors distribuer le produit total du capital entre tous les ouvriers de l’entreprise.

On en revient donc au contrôle de l’Etat dans le système économique, ci-dessus dans la gestion du capital revenu de la force de travail. Les hommes voudraient ils dont se soumettre de cette manière à un pareil contrôle dans une société libre, ou demeureraient ils justement libre en s’y soumettant ? John Stuart Mill a tenté de répondre à cette question dans son livre Principes de l’Economie Politique :

« Le principe rigide de l’Egalité peut être imposé par le hasard ou par une nécéssité extérieure ; mais les hommes capables de soupeser chacun, comme dans une balance, et d’attribuer, selon leur bon plaisir et leur appréciation, aux uns plus, aux autres moins, de tels hommes devraient soit descendre du surhomme, soit être soutenus par une terreur surnaturelle. »

C’est pour ça que la restriction de notre liberté économique réduit également notre liberté spirituelle. Les socialistes comptaient sur l’éducation afin de changer ça, mais l’éducation n’a jamais changé des valeurs morales ou éthiques. Et c’est dans cette optique qu’a été mis en place, dans les pays socialistes, un énorme appareillage de propagande, dont les fascistes et les nazis ont fait si bon usage. Car ces derniers n’ont rien eu à inventer, ce sont les socialistes qui, avant eux, ont mis en place un parti qui dirigerait toutes les activités des individus de la naissance à la mort, lui dicterait les opinions à avoir sur chaque chose …

Chapitre neuvième : sécurité et liberté.

Les planistes prétendent également, comme au sujet de la liberté économique ci-dessus, qu’une sécurité économique est indispensable afin d’avoir la véritable liberté. C’est vrai, d’un certain sens, car un homme qui ne peut se fier à ses propres moyens pour réussir n’a que rarement un esprit indépendant et un caractère fort. Mais l’idée même de sécurité économique semble vague, car si le libéralisme désire une sécurité limitée qui peut être assurée à tous, sans être un privilège mais un attribut légitime pour chaque individu, le planisme, lui, désire une sécurité absolue qu’une société libre n’est pas capable d’assurer à tous, qui est donc considérée comme un privilège. « En principe, il n’y a pas d’incompatibilité entre l’intervention de l’Etat pour assurer une plus grande sécurité et la liberté individuelle » cependant, la trop grande intervention de l’Etat est une atteinte aux libertés individuelles. Mais en général, la protection minimale nécessaire contre les fluctuations économiques n’amène pas à une sorte de planisme, et n’est ainsi pas un danger pour nos libertés individuelles.

On entend souvent des planistes que le revenu des individus devrait être ajusté à leur besoin. C’est encore une atteinte à la liberté, car dans tout système libre, l’affectation de chacun dépend de son choix personnel, la rémunération doit être accordée à l’utilité de chacun pour les autres, même si ce n’est pas toujours à la mesure du mérite subjectif. La rémunération cesserait alors d’avoir le moindre rapport avec l’utilité effective de la chose, elle dépendrait de l’autorité supérieure qui déciderait dans un même temps des besoins et de la consommation de chacun. On doit avoir la liberté de choisir un travail quant à sa rémunération, si celle-ci est plus élevée dans une entreprise que dans une autre.

Nos deux société (planiste et libérale) s’éloignent donc sans cesse : l’une permet à l’individu de faire son choix, avec les risques qui y sont liés, l’autre dégage l’individu de toute possibilité de choix. La tendance actuelle à assurer la sécurité économique, tantôt à un groupe, tantôt à un autre, tend à augmenter ce désir de sécurité économique, mais on ne pense pas qu’en assurant la sécurité d’une partie de la population, on augmente nécessairement l’insécurité de l’autre partie. Et c’est là une des causes principales de la montée du taux de chômage et de l’insécurité des masses qu’on a vu se passer les dernières années.

Et ce n’est pas sans conséquence sur la psychologie de chacun : on observe chez l’individu vivant dans une société planifiée, un dénigrement systématique de toute activité économique comportant le moindre risque.

Benjamin Franklin lui-même disait à ce sujet :
« Ceux qui sont prêts à abandonner des libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté, ni sécurité. »

Chapitre dixième : la sélection par en bas.

La croyance des totalitaristes est basée sur le fait que, selon eux, l’aspect le plus répugnant de leur système est du à quelques accidents historiques, par exemple d’avoir été mis en place par des criminels et/ou des assassins. Il est vrai que les gens honnêtes n’ont pas toujours l’envie de participer au gouvernement, préférant confier les affaires publiques à des personnes qu’ils estiment compétentes. Cependant, dans un régime totalitaire, la façon dont le pouvoir est exercé dépend de la personnalité du dictateur. Il a existé des dictatures honnêtes, par exemple, et surtout, les régimes dictatoriaux diffèrent d’un pays à un autre. Dans un régime totalitaire, la base morale dominante dépendra donc de moindre mesure des qualités individuelles poussant à réussir, mais surtout des exigences de la machine totalitaire elle-même.

La condition qui précède la suppression des institutions démocratiques est évidemment le soutient des masse. Une majorité parlementaire serait inutile puisque ce sont ces mêmes institutions que les totalitaristes désirent supprimer. Et il est évident qu’un groupe soudé, présentant des opinions relativement convergentes a plus de chance d’être formé par les pires éléments de la société que par les meilleurs. Car plus on recherche l’uniformité, le parallélisme dans les vues de chacun, plus il faut s’abaisser là où les goûts et les instincts ordinaires sont de mise, et également là où le climat intellectuel est assez primitif, et c’est également là que se trouvent le plus de monde. Et un ennemi intérieur à la nation est également nécessaire à un chef totalitaire, un bouc émissaire sur qui rejeter tous les problèmes de la société.

Mais la politique collectiviste ne devient pas nationaliste que pour s’assurer le soutient d’un plus grand nombre. C’est également du au fait que croire en un but et un intérêt commun à tous les hommes revient à admettre qu’il existe une ressemblance dans la mentalité de tous les hommes. Hors cela est vrai dans un cercle restreint, mais pas au niveau mondial. Le socialisme, par exemple, est foncièrement internationaliste, mais on remarque qu’une fois mis en place, il devient violement nationaliste, comme nous l’avons vu en Russie ou en Allemagne.

Le point de vue de R. Niebuhr (développé dans L’Homme moral et la société immorale à ce sujet est assez intéressant :
« L’homme moderne a de plus en plus tendance à se juger moral simplement parce qu’il satisfait ses vices par l’intermédiaire de groupes toujours plus importants. »

On observe également chez les planistes et les totalitaristes un culte du pouvoir, qui mène ensuite directement du socialisme vers le national-socialisme, et affecte de cette manière leurs conceptions éthiques profondes. Tandis que les libéraux, et toute personne individualiste, rejettent le pouvoir en tant que mal pas excellence, le collectivisme quel qu’il soit le prend comme but principal. Ils pensent ainsi qu’en privant l’individu du pouvoir qu’il possède en société libre, et en le transférant à la société, ils pourraient supprimer ce pouvoir. Et pourtant, leur action est vaine : seul le système de concurrence peut, par la décentralisation, réduire le pouvoir exercé par l’homme sur l’homme.

Hayek énonce également que :
« Le pouvoir économique, même comme instrument de coercition, est toujours détenu par des individus particuliers, il n’est jamais exclusif et total, et n’est jamais un pouvoir sur la vie des hommes. Mais une fois centralisé, ce pouvoir devient un instrument politique qui met les hommes dans une situation qui diffère à peine de l’esclavage. »

On s’interroge sur le fait que le collectiviste possède ou non une morale lorsqu’on observe qu’elle ne désire pour l’individu aucune possibilité d’appliquer ses propres règles morales, et ne connaît d’ailleurs aucune règle que l’individu peut ou doit observer en toute circonstance. Le principe selon lequel la fin justifierait les moyens est totalement rejeté par les libéraux, c’est pour eux la négation même de toute morale. Une société individualiste se doit de défendre ou interdire toute action, sans prendre en compte le but final, du moment que l’action n’a pas pour but s’entraver les libertés individuelles. Dans une société collectiviste et/ou totalitaire, il n’y a pas d’acte que la conscience d’un individu pourrait l’empêcher de faire à partir du moment où un supérieur le lui ordonne, et de là, des actes de cruautés peuvent devenir banals, des actes qui nous révolte dans notre conscience affaires d’opportunité politique, … En bref, pour collaborer à l’administration d’un état totalitaire, il faut être capable d’obéir sans concession à l’autorité supérieure, quand bien même l’acte à accomplir violerait toutes nos règles morales.

Chapitre onzième : la fin de la vérité.

La manière la plus simple d’atteindre un but est que chacun croit en ce but. Car si l’oppression est moins ressentie dans un pays totalitaire qu’elle le serait dans un pays libéral, c’est du au fait que le gouvernement totalitaire a bien réussi à faire penser le peuple de la manière qu’il désire. Et la propagande usée à cette fin est d’une grande portée : elle détruit la morale en s’attaquant à la base même de toute morale, au sens premier et au respect de la vérité. Dans cette optique, l’autorité dirigeante du plan aura sans cesse à faire des choix sans se baser sur des règles morales définies, et devra ensuite justifier devant le peuple ses choix afin de lui faire croire qu’ils sont justes.

Et pour ce faire, il faut également faire admettre aux hommes que les valeurs qu’on leur propose sont authentiques, que ce sont des valeurs qu’ils avaient toujours appréciées sans les avoir parfaitement comprises ou reconnues avant.

Il n’est, certes, pas difficile d’empêcher une grande majorité de la population de penser indépendamment, mais la coercition ne doit pas se limiter à l’imposition d’un code éthique et moral sur lequel se baserait toute l’organisation sociale de la société. En effet, de nombreux articles de ce « code éthique » ne seront jamais formulés, et n’existeront qu’en fonction de l’évolution du plan. Car en fait, finalement, aucun domaine de la connaissance et de l’éthique ne peut être laissé sans contrôle, et toute activité doit trouver sa justification dans un but social.

Il n’y a donc, dans une société planifiée, pas de liberté de penser, puisque toutes les opinions publiques sont sculptées par la propagande afin de répondre aux attentes du gouvernement totalitariste. Et il est vrai qu’à la base, la majorité des hommes ne peut penser librement, et que cette même majorité accepte sans réflexion préalable des opinions toutes faites, en effet, la liberté de penser ne compte réellement que pour une minorité restreinte, mais il n’est certainement pas du pouvoir de quiconque de décider de qui profitera de cette liberté. Nul n’a le choix de décider de qui croira et de qui pensera.

En essayant de mettre des limites à l’intelligence, en bloquant son épanouissement, on ne fait que mettre des bornes à son développement, ce qui pourrait aboutir à « une stagnation de la pensée et à un déclin de la raison ».

Chapitre douzième : les racines socialistes du nazisme.

Les doctrines du national-socialisme sont l’aboutissement d’une longue évolution de la pensée à laquelle ont contribué beaucoup de philosophes très influents. C’est, par exemple, le soutient socialiste, qui a favorisé la montée du nazisme en Allemagne, car le nazisme ne s’oppose pas au marxisme à la base, mais à ses idée internationalistes et à ses éléments libéraux. Mais comme nous l’avons vu plus haut, le socialisme en évoluant, devient naturellement nationaliste de par sa base planiste. Et comme pour le socialisme, rien n’est plus méprisable aux yeux du nazisme que l’aspiration universelle au bonheur individuel. De la même manière, nazisme et socialisme rejettent le fait que l’état doive servir un quelconque intérêt individuel, mais au contraire, la communauté entière doit servir cet état, et l’individu n’a pas de droit au sein de cette communauté, mais seulement des devoirs. Hayek explique que dans une société totalitaire, qu’elle soit nationale-socialiste ou socialiste, « Il existe une vie qui prime celle de l’individu : la vie du peuple, la vie de l’Etat ; le but de l’individu est de se sacrifier pour cette vie supérieure ».

Par ces idées opposées à tout individualisme, le national-socialisme et le socialisme se sont autoproclamés alternative au libéralisme occidental. Pourtant, on remarque que, tant au niveau de la liberté ou au niveau économique, que l’URSS ou l’Allemagne nazie sont loin d’être un paradis terrestre.