5/07/08

Travail de Fin d'Etude (3)

Chapitre huitième : pour qui ?

Un argument planiste revient assez régulièrement contre le système de concurrence, selon lequel ce dernier serait aveugle. La concurrence, comme la justice, n’ont pourtant que ce mérite de ne pas tenir compte des considérations personnelles.

L’alternative à ce système aveugle serait donc ce système planiste, où la volonté de quelques personnes décideraient de quoi attribuer et à qui. Un système qui offre de grandes possibilités de diminuer les inégalités des chances dans le sens où l’initiative personnelle serait sauvegardée, tout en imposant pas aux uns les opinions des autres.

Les planistes oublient, en développant leur théorie, qu’en mettant toutes les propriétés privées à la disposition de l’Etat (comme moyens de productions), il permet en même temps à celui-ci de décider de tous les revenus. Alors que dans une société à économie libre, on est dépendant d’un propriétaire dans la mesure où celui-ci nous offre quelque chose à de meilleures conditions que d’autres, c’est ainsi que va la liberté.

L’interdépendance de tous les événements économiques ne permet donc pas, comme certains le désirent, de « stopper » le planisme à un point voulu.

Les planistes voient dans l’égalité la solution pour leur idéal de justice distributive. L’égalité complète et absolue pour tous les individus, et dans toutes les situations. Dans une situation donnée, comme le bénéfice d’un travailleur, celui-ci ne peut prétendre la totalité de ce bénéfice en vertu de cette justice distributive, l’on devra alors distribuer le produit total du capital entre tous les ouvriers de l’entreprise.

On en revient donc au contrôle de l’Etat dans le système économique, ci-dessus dans la gestion du capital revenu de la force de travail. Les hommes voudraient ils dont se soumettre de cette manière à un pareil contrôle dans une société libre, ou demeureraient ils justement libre en s’y soumettant ? John Stuart Mill a tenté de répondre à cette question dans son livre Principes de l’Economie Politique :

« Le principe rigide de l’Egalité peut être imposé par le hasard ou par une nécéssité extérieure ; mais les hommes capables de soupeser chacun, comme dans une balance, et d’attribuer, selon leur bon plaisir et leur appréciation, aux uns plus, aux autres moins, de tels hommes devraient soit descendre du surhomme, soit être soutenus par une terreur surnaturelle. »

C’est pour ça que la restriction de notre liberté économique réduit également notre liberté spirituelle. Les socialistes comptaient sur l’éducation afin de changer ça, mais l’éducation n’a jamais changé des valeurs morales ou éthiques. Et c’est dans cette optique qu’a été mis en place, dans les pays socialistes, un énorme appareillage de propagande, dont les fascistes et les nazis ont fait si bon usage. Car ces derniers n’ont rien eu à inventer, ce sont les socialistes qui, avant eux, ont mis en place un parti qui dirigerait toutes les activités des individus de la naissance à la mort, lui dicterait les opinions à avoir sur chaque chose …

Chapitre neuvième : sécurité et liberté.

Les planistes prétendent également, comme au sujet de la liberté économique ci-dessus, qu’une sécurité économique est indispensable afin d’avoir la véritable liberté. C’est vrai, d’un certain sens, car un homme qui ne peut se fier à ses propres moyens pour réussir n’a que rarement un esprit indépendant et un caractère fort. Mais l’idée même de sécurité économique semble vague, car si le libéralisme désire une sécurité limitée qui peut être assurée à tous, sans être un privilège mais un attribut légitime pour chaque individu, le planisme, lui, désire une sécurité absolue qu’une société libre n’est pas capable d’assurer à tous, qui est donc considérée comme un privilège. « En principe, il n’y a pas d’incompatibilité entre l’intervention de l’Etat pour assurer une plus grande sécurité et la liberté individuelle » cependant, la trop grande intervention de l’Etat est une atteinte aux libertés individuelles. Mais en général, la protection minimale nécessaire contre les fluctuations économiques n’amène pas à une sorte de planisme, et n’est ainsi pas un danger pour nos libertés individuelles.

On entend souvent des planistes que le revenu des individus devrait être ajusté à leur besoin. C’est encore une atteinte à la liberté, car dans tout système libre, l’affectation de chacun dépend de son choix personnel, la rémunération doit être accordée à l’utilité de chacun pour les autres, même si ce n’est pas toujours à la mesure du mérite subjectif. La rémunération cesserait alors d’avoir le moindre rapport avec l’utilité effective de la chose, elle dépendrait de l’autorité supérieure qui déciderait dans un même temps des besoins et de la consommation de chacun. On doit avoir la liberté de choisir un travail quant à sa rémunération, si celle-ci est plus élevée dans une entreprise que dans une autre.

Nos deux société (planiste et libérale) s’éloignent donc sans cesse : l’une permet à l’individu de faire son choix, avec les risques qui y sont liés, l’autre dégage l’individu de toute possibilité de choix. La tendance actuelle à assurer la sécurité économique, tantôt à un groupe, tantôt à un autre, tend à augmenter ce désir de sécurité économique, mais on ne pense pas qu’en assurant la sécurité d’une partie de la population, on augmente nécessairement l’insécurité de l’autre partie. Et c’est là une des causes principales de la montée du taux de chômage et de l’insécurité des masses qu’on a vu se passer les dernières années.

Et ce n’est pas sans conséquence sur la psychologie de chacun : on observe chez l’individu vivant dans une société planifiée, un dénigrement systématique de toute activité économique comportant le moindre risque.

Benjamin Franklin lui-même disait à ce sujet :
« Ceux qui sont prêts à abandonner des libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté, ni sécurité. »

Chapitre dixième : la sélection par en bas.

La croyance des totalitaristes est basée sur le fait que, selon eux, l’aspect le plus répugnant de leur système est du à quelques accidents historiques, par exemple d’avoir été mis en place par des criminels et/ou des assassins. Il est vrai que les gens honnêtes n’ont pas toujours l’envie de participer au gouvernement, préférant confier les affaires publiques à des personnes qu’ils estiment compétentes. Cependant, dans un régime totalitaire, la façon dont le pouvoir est exercé dépend de la personnalité du dictateur. Il a existé des dictatures honnêtes, par exemple, et surtout, les régimes dictatoriaux diffèrent d’un pays à un autre. Dans un régime totalitaire, la base morale dominante dépendra donc de moindre mesure des qualités individuelles poussant à réussir, mais surtout des exigences de la machine totalitaire elle-même.

La condition qui précède la suppression des institutions démocratiques est évidemment le soutient des masse. Une majorité parlementaire serait inutile puisque ce sont ces mêmes institutions que les totalitaristes désirent supprimer. Et il est évident qu’un groupe soudé, présentant des opinions relativement convergentes a plus de chance d’être formé par les pires éléments de la société que par les meilleurs. Car plus on recherche l’uniformité, le parallélisme dans les vues de chacun, plus il faut s’abaisser là où les goûts et les instincts ordinaires sont de mise, et également là où le climat intellectuel est assez primitif, et c’est également là que se trouvent le plus de monde. Et un ennemi intérieur à la nation est également nécessaire à un chef totalitaire, un bouc émissaire sur qui rejeter tous les problèmes de la société.

Mais la politique collectiviste ne devient pas nationaliste que pour s’assurer le soutient d’un plus grand nombre. C’est également du au fait que croire en un but et un intérêt commun à tous les hommes revient à admettre qu’il existe une ressemblance dans la mentalité de tous les hommes. Hors cela est vrai dans un cercle restreint, mais pas au niveau mondial. Le socialisme, par exemple, est foncièrement internationaliste, mais on remarque qu’une fois mis en place, il devient violement nationaliste, comme nous l’avons vu en Russie ou en Allemagne.

Le point de vue de R. Niebuhr (développé dans L’Homme moral et la société immorale à ce sujet est assez intéressant :
« L’homme moderne a de plus en plus tendance à se juger moral simplement parce qu’il satisfait ses vices par l’intermédiaire de groupes toujours plus importants. »

On observe également chez les planistes et les totalitaristes un culte du pouvoir, qui mène ensuite directement du socialisme vers le national-socialisme, et affecte de cette manière leurs conceptions éthiques profondes. Tandis que les libéraux, et toute personne individualiste, rejettent le pouvoir en tant que mal pas excellence, le collectivisme quel qu’il soit le prend comme but principal. Ils pensent ainsi qu’en privant l’individu du pouvoir qu’il possède en société libre, et en le transférant à la société, ils pourraient supprimer ce pouvoir. Et pourtant, leur action est vaine : seul le système de concurrence peut, par la décentralisation, réduire le pouvoir exercé par l’homme sur l’homme.

Hayek énonce également que :
« Le pouvoir économique, même comme instrument de coercition, est toujours détenu par des individus particuliers, il n’est jamais exclusif et total, et n’est jamais un pouvoir sur la vie des hommes. Mais une fois centralisé, ce pouvoir devient un instrument politique qui met les hommes dans une situation qui diffère à peine de l’esclavage. »

On s’interroge sur le fait que le collectiviste possède ou non une morale lorsqu’on observe qu’elle ne désire pour l’individu aucune possibilité d’appliquer ses propres règles morales, et ne connaît d’ailleurs aucune règle que l’individu peut ou doit observer en toute circonstance. Le principe selon lequel la fin justifierait les moyens est totalement rejeté par les libéraux, c’est pour eux la négation même de toute morale. Une société individualiste se doit de défendre ou interdire toute action, sans prendre en compte le but final, du moment que l’action n’a pas pour but s’entraver les libertés individuelles. Dans une société collectiviste et/ou totalitaire, il n’y a pas d’acte que la conscience d’un individu pourrait l’empêcher de faire à partir du moment où un supérieur le lui ordonne, et de là, des actes de cruautés peuvent devenir banals, des actes qui nous révolte dans notre conscience affaires d’opportunité politique, … En bref, pour collaborer à l’administration d’un état totalitaire, il faut être capable d’obéir sans concession à l’autorité supérieure, quand bien même l’acte à accomplir violerait toutes nos règles morales.

Chapitre onzième : la fin de la vérité.

La manière la plus simple d’atteindre un but est que chacun croit en ce but. Car si l’oppression est moins ressentie dans un pays totalitaire qu’elle le serait dans un pays libéral, c’est du au fait que le gouvernement totalitaire a bien réussi à faire penser le peuple de la manière qu’il désire. Et la propagande usée à cette fin est d’une grande portée : elle détruit la morale en s’attaquant à la base même de toute morale, au sens premier et au respect de la vérité. Dans cette optique, l’autorité dirigeante du plan aura sans cesse à faire des choix sans se baser sur des règles morales définies, et devra ensuite justifier devant le peuple ses choix afin de lui faire croire qu’ils sont justes.

Et pour ce faire, il faut également faire admettre aux hommes que les valeurs qu’on leur propose sont authentiques, que ce sont des valeurs qu’ils avaient toujours appréciées sans les avoir parfaitement comprises ou reconnues avant.

Il n’est, certes, pas difficile d’empêcher une grande majorité de la population de penser indépendamment, mais la coercition ne doit pas se limiter à l’imposition d’un code éthique et moral sur lequel se baserait toute l’organisation sociale de la société. En effet, de nombreux articles de ce « code éthique » ne seront jamais formulés, et n’existeront qu’en fonction de l’évolution du plan. Car en fait, finalement, aucun domaine de la connaissance et de l’éthique ne peut être laissé sans contrôle, et toute activité doit trouver sa justification dans un but social.

Il n’y a donc, dans une société planifiée, pas de liberté de penser, puisque toutes les opinions publiques sont sculptées par la propagande afin de répondre aux attentes du gouvernement totalitariste. Et il est vrai qu’à la base, la majorité des hommes ne peut penser librement, et que cette même majorité accepte sans réflexion préalable des opinions toutes faites, en effet, la liberté de penser ne compte réellement que pour une minorité restreinte, mais il n’est certainement pas du pouvoir de quiconque de décider de qui profitera de cette liberté. Nul n’a le choix de décider de qui croira et de qui pensera.

En essayant de mettre des limites à l’intelligence, en bloquant son épanouissement, on ne fait que mettre des bornes à son développement, ce qui pourrait aboutir à « une stagnation de la pensée et à un déclin de la raison ».

Chapitre douzième : les racines socialistes du nazisme.

Les doctrines du national-socialisme sont l’aboutissement d’une longue évolution de la pensée à laquelle ont contribué beaucoup de philosophes très influents. C’est, par exemple, le soutient socialiste, qui a favorisé la montée du nazisme en Allemagne, car le nazisme ne s’oppose pas au marxisme à la base, mais à ses idée internationalistes et à ses éléments libéraux. Mais comme nous l’avons vu plus haut, le socialisme en évoluant, devient naturellement nationaliste de par sa base planiste. Et comme pour le socialisme, rien n’est plus méprisable aux yeux du nazisme que l’aspiration universelle au bonheur individuel. De la même manière, nazisme et socialisme rejettent le fait que l’état doive servir un quelconque intérêt individuel, mais au contraire, la communauté entière doit servir cet état, et l’individu n’a pas de droit au sein de cette communauté, mais seulement des devoirs. Hayek explique que dans une société totalitaire, qu’elle soit nationale-socialiste ou socialiste, « Il existe une vie qui prime celle de l’individu : la vie du peuple, la vie de l’Etat ; le but de l’individu est de se sacrifier pour cette vie supérieure ».

Par ces idées opposées à tout individualisme, le national-socialisme et le socialisme se sont autoproclamés alternative au libéralisme occidental. Pourtant, on remarque que, tant au niveau de la liberté ou au niveau économique, que l’URSS ou l’Allemagne nazie sont loin d’être un paradis terrestre.

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