15/08/08

Travail de Fin d'Etude (Fin)

Bibliographie.

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Ouvrages :
La route de la Servitude, Friedrich A. Hayek
L’acteur et le système, Michel Crozier et Erhard Friedberg
Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche

10/08/08

Travail de Fin d'Etude (6)

B) Textes élargissant le point de vue de Hayek.

1) Une Absurdité.

Un gouvernement qui aurait le droit de punir les hommes pour leurs vices est une impossibilité naturelle ; parce qu'il est impossible qu'un gouvernement ait des droits autres que ceux déjà détenus par les individus le composant, en tant qu'individus. Ils ne pourraient pas déléguer à un gouvernement des droits qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes. Ils ne pourraient pas déléguer au gouvernement d'autres droits, excepté ceux qu'ils possédaient eux-mêmes en tant qu'individus. Sérieusement, personne, à part un imbécile ou un imposteur, ne prétend qu'il a, en tant qu'individu, le droit de punir d'autres hommes pour leurs vices.

Mais n'importe qui et tout le monde a le droit naturel, en tant qu'individu, de punir d'autres hommes pour leurs crimes ; car tout le monde a un droit naturel, non seulement de défendre sa propre personne et ses biens contre des agresseurs, mais aussi de porter assistance et défendre tout autre, dont la personne ou les biens sont violés. Le droit naturel de chaque individu à défendre sa personne et ses biens contre un agresseur et de porter assistance et de défendre tout autre dont la personne ou les biens sont violés, est un droit sans lequel les hommes ne pourraient pas exister sur terre. Et un gouvernement n'est légitime que dans la mesure où il incarne ce droit naturel des individus, et est limité par ce même droit. Mais l'idée que chaque homme aurait un droit naturel de décider quelles sont les vertus, et quels sont les vices de son voisin - c'est-à-dire, lesquels contribuent à son bonheur, et lesquels ne le font pas - et de le punir pour se livrer à toute action qui ne contribuerait pas à son bonheur, c'est cela que personne n'a jamais eu l'impudence ou la démence d'affirmer. Seuls ceux qui affirment qu'un gouvernement possède des droits de coercition légitime, sans qu'aucun individu, ou groupe d'individus, ne lui ait jamais, ou aurait pu, déléguer de tels droits, affirment que le gouvernement a un droit légitime de punir les vices.

Cela conviendrait à un pape ou un roi - prétendant avoir reçu du Paradis l'autorité directe de régner sur ses congénères - de réclamer le droit, en qualité de représentant de Dieu, de punir les hommes pour leurs vices ; mais cela serait totalement absurde pour n'importe quel gouvernement, proclamant détenir son pouvoir par la volonté de ceux qu'il gouverne ; parce que chacun sait que ceux qu'il gouverne ne le lui accorderont jamais. S'ils le lui accordaient ce serait absurde, parce que cela équivaudrait à lui déléguer leurs propres droits à chercher leur propre bonheur ; puisque déléguer leurs droits de juger ce qui sera propice à leur bonheur, c'est déléguer la totalité de leur droit à poursuivre leur propre bonheur.

Lysander Spooner dans Les Vices ne sont pas des Crimes

Syme et le Novlangue

— Comment va le dictionnaire ? demanda Winston en élevant la voix pour dominer le bruit.
— Lentement, répondit Syme. J'en suis aux adjectifs. C'est fascinant.
Le visage de Syme s'était immédiatement éclairé au seul mot de dictionnaire. Il poussa de côté le récipient qui avait contenu le ragoût, prit d'une main délicate son quignon de pain, de l'autre son fromage et se pencha au-dessus de la table pour se faire entendre sans crier.
— La onzième édition est l'édition définitive, dit-il. Nous donnons au novlangue sa forme finale, celle qu'il aura quand personne ne parlera plus une autre langue. Quand nous aurons terminé, les gens comme vous devront le réapprendre entièrement. Vous croyez, n'est-ce pas, que notre travail principal est d'inventer des mots nouveaux? Pas du tout! Nous détruisons chaque jour des mots, des vingtaines de mots, des centaines de mots. Nous taillons le langage jusqu'à l'os. La onzième édition ne renfermera pas un seul mot qui puisse vieillir avant l'année 2050.

Il mordit dans son pain avec appétit, avala deux bouchées, puis continua à parler avec une sorte de pédantisme passionné. Son mince visage brun s'était animé, ses yeux avaient perdu leur expression moqueuse et étaient devenus rêveurs.
— C'est une belle chose, la destruction des mots. Naturellement, c'est dans les verbes et les adjectifs qu'il y a le plus de déchets, mais il y a des centaines
de noms dont on peut aussi se débarrasser. Pas seulement les synonymes, il y a aussi les antonymes. Après tout, quelle raison d'exister y a-t-il pour un mot qui n'est que le contraire d'un autre ? Les mots portent en eux-mêmes leur contraire. Prenez « bon », par exemple. Si vous avez un mot comme « bon » quelle nécessité y a-t-il à avoir un mot comme « mauvais »? « Inbon » fera tout aussi bien, mieux même, parce qu'il est l'opposé exact de bon, ce que n'est pas l'autre mot. Et si l'on désire un mot plus fort que « bon », quel sens y a-t-il à avoir toute une chaîne de mots vagues et inutiles comme « excellent », « splendide » et tout le reste ? « Plusbon » englobe le sens de tous ces mots, et, si l'on veut un mot encore plus fort, il y a « doubleplusbon ». Naturellement, nous employons déjà ces formes, mais dans la version définitive du novlangue, il n'y aura plus rien d'autre. En résumé, la notion complète du bon et du mauvais sera cou-verte par six mots seulement, en réalité un seul mot. Voyez-vous, Winston, l'originalité de cela ? Naturellement, ajouta-t-il après coup, l'idée vient de Big Brother.
Au nom de Big Brother, une sorte d'ardeur froide flotta sur le visage de Winston. Syme, néanmoins, perçut immédiatement un certain manque d'enthousiasme.
— Vous n'appréciez pas réellement le novlangue, Winston, dit-il presque tristement. Même quand vous écrivez, vous pensez en ancilangue. J'ai lu quelques-uns des articles que vous écrivez parfois dans le Times. Ils sont assez bons, mais ce sont des
traductions. Au fond, vous auriez préféré rester fidèle à l'ancien langage, à son imprécision et ses nuances inutiles. Vous ne saisissez pas la beauté qu'il y a dans la destruction des mots. Savez-vous que le novlangue est la seule langue dont le vocabulaire diminue chaque année ?
Winston l'ignorait, naturellement. Il sourit avec sympathie, du moins il l'espérait, car il n'osait se risquer à parler.
Syme prit une autre bouchée de pain noir, la mâcha rapidement et continua :
— Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. Déjà, dans la onzième édition, nous ne sommes pas loin de ce résultat. Mais le processus continuera encore longtemps après que vous et moi nous serons morts. Chaque année, de moins en moins de mots, et le champ de la conscience de plus en plus restreint. Il n'y a plus, dès maintenant, c'est certain, d'excuse ou de raison au crime par la pensée. C'est simplement une question de discipline personnelle, de maîtrise de soi-même. Mais même cette discipline sera inutile en fin de compte. La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. Le novlangue est l'angsoc et l'angsoc est le novlangue, ajouta-t-il avec une sorte de satisfaction mystique. Vous est-il jamais arrivé de penser, Winston, qu'en l'année 2050, au plus tard, il n'y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant?

Georges Orwell dans 1984


Un beau rêve.

Je suis resté socialiste pendant plusieurs années encore, même après mon refus du marxisme. Et si la confrontation du socialisme et de la liberté individuelle était réalisable, je serais socialiste aujourd'hui encore. Car rien de mieux que de vivre une vie modeste, simple et libre dans une société égalitaire. Il me fallut du temps avant de réaliser que ce n'était qu'un beau rêve; que la liberté importe davantage que l'égalité; que la tentative d'instaurer l'égalité met la liberté en danger; et que, à sacrifier la liberté, on ne fait même pas régner l'égalité parmi ceux qu'on a asservis.

Karl Popper dans La Quête Inachevée

L’immoralité de l’Etat.

De l’illégalité de forcer un individu à poser des gestes positifs à l’avantage d’un autre, découle l’illégitimité de toute redistribution étatique. « L’impôt, écrit Rothbard, est du vol pur et simple. » Ce n’est pas seulement la mission sociale de l’État qui est incompatible avec les droits stricts de l’individu, mais l’État comme tel puisque, même dans son rôle de protection publique, il se finance par l’impôt coercitif: « l’État, qui subsiste par l’impôt, est une vaste organisation criminelle ».
En plus de lever ses revenus par la force, l’État, de par sa nature même, présente une deuxième tare caractéristique: « il acquiert un monopole coercitif de la force et du pouvoir décisionnel ultime sur un territoire donné ». C’est le deuxième volet des activités criminelles d’agression de l’État contre les droits de ses sujets. En réclamant la souveraineté sur un territoire, l’État nie le droit des habitants de faire ce qu’ils veulent de leurs propriétés légitimement acquises. En droit naturel, le véritable souverain est l’individu pacifique, et l’État qui réclame une juridiction sur la propriété d’un individu viole sa souveraineté.
Chaque individu possède des droits absolus qui ne peuvent être suspendus sans son consentement. Il s’agit qu’un seul anarchiste refuse la domination de l’État, qu’un seul individu refuse son consentement au contrat social, pour rendre toute action fiscale ou monopolistique de l’État coercitive et criminelle. Or, comme le répète souvent Rothbard, « certes, il existe au moins un anarchiste de ce genre »...
Il est illusoire de vouloir limiter constitutionnellement une organisation aussi essentiellement tyrannique que l’État. Agresseur constant des droits individuels, l’État doit être aboli purement et simplement. En attendant, affirme Rothbard, « Personne n’est moralement obligé d’obéir à l’État », et toute action contre l’État, sans être moralement obligatoire puisque des considérations de prudence peuvent jouer, est légitime et moralement défendable. Toute réduction du pouvoir de l’État est désirable parce qu’elle « représente une diminution du crime et de l’agression »
Dans la théorie anarcho-capitaliste de Murray Rothbard, l’État est foncièrement et irrémédiablement immoral et criminel parce que sa nature coercitive viole les droits absolus des individus.

Pierre Lemieux dans L'Anarcho-Capitalisme

5) Les droits de l’Homme.

Un " Droit " est un principe moral qui définit et sanctionne la liberté qu'une personne a d'agir dans un contexte social. Il n'existe en ce sens qu'un Droit fondamental (tous les autres ne sont que ses conséquences ou ses corollaires) : le Droit d'un homme de posséder sa propre vie. La vie est un processus d'action auto-engendré et auto-entretenu; le Droit de posséder sa propre vie signifie qu'on a le Droit d'exécuter les actions qui permettent son engendrement et son entretien. Ce qui signifie : le Droit de faire tout ce qui est nécessité par la nature d'un être rationnel pour le maintien, la promotion, l'accomplissement et la réussite de sa propre vie. (Tel est le sens de la formule parlant du Droit de vivre, d'être libre et de rechercher le bonheur que l'on retrouve dans la Déclaration d'Indépendance. )

Le concept de " Droit " ne peut faire référence qu'à l'action, spécifiquement à la liberté d'action. Il désigne la liberté par rapport à une contrainte, une coercition ou une ingérence physique de la part d'autres hommes.
Pour tout individu, un Droit est ainsi la sanction morale d'une capacité positive: sa liberté d'agir conformément à son propre jugement, de poursuivre ses buts personnels par un choix autonome, volontaire et sans coercition. Ses Droits n'imposent à ses voisins aucune obligation autre que négative : l'impératif qu'ils s'abstiennent de les violer.

Le Droit de contrôler sa propre vie est la source de tous les Droits, et le Droit de Propriété est leur seule concrétisation possible. Sans Droit de Propriété, aucun autre Droit n'est concevable. Comme il faut à l'homme subvenir à son existence par ses propres efforts, l'homme qui n'a pas de Droit sur les produits de son effort n'a pas les moyens d'entretenir sa vie. Celui qui produit alors que les autres disposent de ce qu'il a produit est un esclave.

Gardez bien en tête que le Droit de Propriété est un Droit d'agir, comme tous les autres. Ce n'est pas un " droit à " un objet, mais un Droit à l'action et à ce qu'il résulte de celle-ci sur le plan de la production et de la valeur de ce qui est produit. Ce n'est pas la garantie qu'un homme finira par disposer d'une quelconque richesse ; c'est la garantie qu'il pourra posséder ce qu'il a gagné s'il l'a obtenu par son action productive. C'est donc le Droit d'acquérir, de conserver, d'utiliser et de disposer des valeurs incarnées dans les objets matériels.

Le concept de Droits individuels est tellement nouveau dans l'histoire de l'humanité que la plupart des hommes ne l'ont pas encore complètement compris à ce jour. Se référant aux deux conceptions de l'éthique, la mystique et la sociale, certains affirment que les Droits sont un don de Dieu, les autres qu'ils sont un privilège social. En fait, la source des Droits est la nature de l'homme.

La Déclaration d'Indépendance affirmait que les hommes " ont été dotés par leur Créateur de certains Droits inaliénables ". Que l'on croie que l'homme est le produit d'un Créateur ou celui de la nature, la question de l'origine de l'homme ne change rien au fait qu'il est une entité d'un certain type, un être rationnel, qu'il ne peut pas fonctionner efficacement sous la menace de la violence, et que les Droits sont une condition nécessaire de son mode d'existence spécifique.

" La source des Droits de l'Homme n'est pas la loi de Dieu ni la loi du Congrès, mais la Loi de l'Identité. Toute chose est ce qu'elle est, et l'Homme est un homme. Les Droits sont les conditions d'existence nécessitées par la nature de l'homme afin que celui-ci vive décemment. Dès lors que l'homme doit vivre sur terre, il a le droit de se servir de sa conscience rationnelle, il a le droit d'agir librement d'après son propre jugement. Il a le Droit de travailler conformément à ses propres valeurs et de disposer du produit de son travail. Si ce qu'il veut c'est vivre sur terre, il a le Droit de vivre comme un être rationnel: la nature même lui interdit l'irrationalité " (Atlas Shrugged, discours de John Galt).

Violer les Droits d'un homme signifie l'obliger à agir contre son propre jugement, ou s'emparer par la force de ce qu'il a produit. Fondamentalement, il n'y a qu'une façon de parvenir à cela: recourir à la violence physique. Deux groupes de personnes peuvent violer les Droits de l'Homme: les malfaiteurs et les hommes de l’Etat. La grande réussite des Etats-Unis fut d'établir une différence entre les deux, en interdisant aux seconds d'exercer une version légalisée des activités des premiers.

La Déclaration d'Indépendance posa le principe que " C'est pour assurer ces Droits que les Etats ont été institués parmi les hommes ". Ce principe a fourni la seule justification valable de l'existence d'un Etat et a défini sa seule fonction légitime : assurer les Droits des hommes en protégeant ceux-ci de la violence physique.
Ainsi le rôle des hommes de l'Etat fut-il transformé: de maîtres, ils devinrent serviteurs. L'Etat était institué pour protéger les personnes contre les malfaiteurs, et la Constitution était écrite pour les protéger des hommes de l'Etat. La Déclaration des Droits n'était pas dirigée contre les citoyens privés, mais contre les décideurs publics, comme une déclaration explicite soulignant que les Droits individuels l'emportent sur tout pouvoir politique.

Le résultat fut un modèle de société civilisée que, pour la brève période de quelque cent cinquante ans, les Etats-Unis furent bien près de réaliser effectivement. Une société civilisée est une société où la violence physique est bannie dans les relations humaines, et dans laquelle les hommes de l'Etat, agissant comme des gendarmes, ne peuvent faire usage de la force qu'au titre de riposte et seulement contre ceux qui ont enclenché cet usage.
Tels étaient la signification et le but essentiels de la philosophie politique américaine, implicites dans le principe des Droits individuels. Mais cette signification et ce but ne furent pas formulés explicitement, et dès lors ne furent ni complètement acceptés, ni mis en pratique de façon cohérente.

L'élément contradictoire interne aux Etats-Unis était l'existence en elle de l'éthique altruiste - collectiviste.
L'altruisme est incompatible avec la liberté, avec le capitalisme et avec les Droits individuels. On ne peut pas combiner la recherche du bonheur avec le statut moral d'animal sacrificiel.

C'est le concept de Droits individuels qui avait donné naissance à la possibilité d'une société libre. C'est par la destruction des Droits individuels que la destruction de la liberté devait commencer.

Une tyrannie collectiviste ne peut se permettre de réduire tout un pays à l'esclavage par la confiscation ouverte de ses productions, matérielles ou morales. Elle ne peut parvenir à cette fin que par un processus de corruption interne. De même que dans le domaine matériel le pillage de la richesse d'un pays se fait par une politique d'inflation sur la monnaie, l'on peut aujourd'hui observer la mise en place d'un processus d'inflation dans le domaine des Droits. Ce processus repose sur une telle prolifération de "nouveaux droits" récemment proclamés que les gens ne se rendent pas compte que le sens du concept est inversé. De même que la mauvaise monnaie est imposée à la place des bonnes, ces droits en monnaie de singe détruisent les Droits authentiques.
Considérez ce fait curieux : jamais l'on n'a observé à un tel point, tout autour du monde, la prolifération de deux phénomènes apparemment contradictoires : les prétendus "nouveaux droits" et les camps de travail forcé.
L'astuce a consisté à faire glisser le concept de Droit du domaine politique à celui de l'économie.

Le programme du Parti Démocrate en 1960 résume ce tour de passe-passe avec hardiesse et franchise. Il proclame que les Démocrates s'ils parviennent au pouvoir " réaffirmeront la Déclaration des droits économiques que Franklin Roosevelt inscrivit dans notre conscience nationale il y a seize ans. "


Gardez bien présent à l'esprit ce que signifie le concept des " Droits ", en lisant la liste de ce que propose ledit programme :

" 1. Le 'droit à' un travail utile et rémunérateur dans l'industrie, le commerce, le secteur agricole ou le secteur minier.

" 2. Le 'droit à' gagner assez d'argent pour obtenir une quantité suffisante de nourriture, de vêtements et de moyens de distraction.

" 3. Le 'droit de tout agriculteur à cultiver et à vendre ses produits' en étant sûr d'en tirer suffisamment pour obtenir, pour lui et sa famille, les moyens d'une vie acceptable.

" 4. Le 'droit de tout entrepreneur, grand ou petit, à échanger dans une atmosphère libérée de la concurrence déloyale et du poids dominateur des monopoles' chez lui et à l'étranger.

" 5. Le 'droit de toute famille à' une maison confortable.

" 6. Le 'droit à' des soins médicaux suffisants et à la possibilité de vivre en bonne santé.

" 7.Le 'droit à' une protection adéquate contre les risques économiques liés à l'âge, à la maladie, aux accidents et au chômage.

" 8. Le 'droit à' une bonne éducation. "


Une simple question ajoutée à chacune des clauses ci-dessus suffirait à faire comprendre de quoi il s'agit : "aux dépens de qui?"

Les emplois, la nourriture, les vêtements, les moyens de distraction, les maisons, les soins médicaux, l'éducation, etc, ne poussent pas sur les arbres. Ce sont des produits de l'action humaine; des biens et des services qui ont été créés par quelqu'un. Qui sera là pour les fournir ?
Si certains ont le " droit " de vivre aux dépens du travail des autres, cela veut dire que ces autres sont privés de leurs Droits et condamnés à travailler comme des esclaves.

Tout prétendu " droit " d'un homme, qui nécessite de violer les Droits d'un autre homme, n'est pas, et ne peut pas être un Droit. Personne ne peut avoir le Droit d'imposer une obligation que l'on n'a pas choisie, un devoir sans récompense ou une servitude involontaire. II ne peut pas y avoir de " droit de réduire des hommes à l'esclavage ".

Un Droit n'implique pas sa concrétisation matérielle par l'action d'autres hommes; il implique uniquement la liberté pour chacun de parvenir à cette concrétisation grâce à son propre effort.

Remarquez, dans ce contexte, la précision intellectuelle des Pères Fondateurs des Etats-Unis : ils parlaient du Droit de rechercher le bonheur, et pas du " droit au " bonheur. Cela veut dire qu'un homme a le Droit d'entreprendre les actions qu'il juge nécessaires pour atteindre le bonheur; cela ne veut pas dire que les autres ont le devoir de le rendre heureux.

Le Droit de vivre implique que tout homme a le Droit de subvenir aux nécessités matérielles impliquées par le fait qu'il vit grâce à son travail (quel que soit le niveau où celui-ci se situe dans l'économie); il n'implique pas que les autres doivent lui fournir ses moyens d'existence.
Le Droit de Propriété implique qu'un homme a le Droit d'entreprendre les actions économiques nécessaires pour acquérir une propriété, il n'implique pas que les autres doivent lui fournir une propriété.

Le Droit de libre expression implique qu'une personne a le Droit d'exprimer ses idées sans courir le risque d'être réprimée, entravée ou punie par les hommes de l'Etat. Il n'implique pas que les autres doivent lui fournir une salle de conférences, une station de radio ou une imprimerie pour exprimer ses idées.

Toute entreprise qui implique plus d'une personne nécessite le consentement volontaire de chacun des participants. Chacun d'entre eux a le Droit de prendre ses propres décisions, et personne n'a celui d'imposer ses décisions aux autres.

Il n'existe pas ainsi de " droit à l'emploi ". Il n'existe que le Droit d'échanger librement, c'est-à-dire : le Droit que chacun possède d'être embauché si une autre personne décide de payer ses services. Il n'y a pas de " droit au logement ", il n'y a que le Droit là encore d'échanger librement : le Droit de louer un logement ou de l'acheter. Il n'y a pas de " droit à un salaire décent " ou à un prix " acceptable " si personne n'accepte de payer ce prix ou ce salaire. Il n'y a pas de " droit à consommer " du lait, des chaussures, des places de cinéma ou des bouteilles de champagne si aucun producteur n'a décidé de fabriquer ces articles; il n'y a que le Droit de les fabriquer soi-même. Il n'y a pas de " droits catégoriels ": pas de " droits des agriculteurs, des travailleurs, des employés, des employeurs, des vieux, des jeunes, des enfants à naître ". Il n'y a que les Droits de l’Homme, des Droits possédés par toute personne singulière et par tous les hommes en tant qu'individus.

Le Droit de Propriété et le Droit d'échanger librement qui en découle sont les seuls " Droits économiques " de l'Homme. Il s'agit en fait de Droits politiques, et il ne peut y avoir de " Déclaration des droits économiques de l'homme ". Remarquez seulement que les partisans des seconds ont quasiment détruit les premiers.

Rappelez-vous que les Droits sont des principes moraux qui définissent et protègent la liberté d'action d'une personne, mais n'imposent aucune obligation aux autres hommes. Les citoyens privés ne sont pas une menace pour les Droits ou pour les libertés les uns des autres. Un citoyen privé qui a recours à la violence physique en violation des Droits des autres est un malfaiteur, et les hommes ont contre lui la protection de la loi.

Dans tous les pays et à toutes les époques, ces malfaiteurs-là ont toujours été une petite minorité, et le mal qu'ils ont fait à l'humanité est infinitésimal quand on le compare aux horreurs : bains de sang, guerres, persécutions, confiscations, famines, réduction à l'esclavage, ou destructions massives, perpétrées par les castes politiques de l'humanité. Potentiellement, un Etat est la plus grande menace qui pèse sur les Droits de l'Homme : il possède en général le monopole légal de l'usage de la force physique contre des victimes légalement désarmées. Quand son pouvoir n'est ni limité ni restreint par les Droits individuels, l' Etat est le plus mortel ennemi des hommes. Ce n'est pas en raison de la nécessité de se protéger contre les actions privées, mais en raison de celle de se protéger contre les décisions publiques que la Déclaration des Droits a été écrite.

Considérez maintenant quel procédé se trouve utilisé pour détruire cette protection.
Le procédé consiste à attribuer aux citoyens privés d'être les auteurs de violations spécifiques du Droit que la constitution interdit aux hommes de l'Etat (et que les citoyens privés n'ont pas dans les faits le pouvoir de commettre) - ce qui permet de libérer les hommes de l'Etat de toute contrainte. Les résultats sont au présent particulièrement visibles dans le domaine de la liberté d'expression. Pendant des années, les collectivistes ont propagé l'idée que lorsqu'une personne privée refuse de financer un opposant, elle commet une " violation de la liberté d'expression " de cet opposant et un acte de " censure ".

C'est de la " censure ", prétendent-ils, lorsqu'un journal refuse d'employer ou de publier des auteurs dont les idées sont diamétralement opposées à sa politique.
C'est de la " censure ", prétendent-ils encore lorsqu'un homme d'affaire refuse de faire publier des publicités dans un magazine qui le dénonce, l'insulte et le traîne dans la boue.

C'est de la " censure ", prétendent-ils enfin, lorsque quelqu'un qui finance une émission de télévision proteste contre une ignominie - telle l'invitation faite à Alger Hiss de venir calomnier en direct Richard Nixon - perpétrée au cours d'une émission pour laquelle il donne son argent.
A ce propos un certain Newton N. Minow a déclaré: " il y a la censure des indices d'écoute, celle des annonceurs, celle des chaînes, des stations associées qui refusent les programmes qu'on offre à leurs zones d'émission ". C'est le même M. Minow qui menace à présent de révoquer l'autorisation de toute station qui ne se soumettrait pas à ses conceptions des programmes, et qui prétend que cela, ce ne serait pas de la censure. Examinez les implications de tout ceci.

La " censure " est un terme uniquement applicable aux actions de l'Etat. Aucune action privée ne peut être énoncée comme un acte de censure. Aucun individu et aucune agence non publique ne peut réduire un homme au silence, ni réprimer une publication. Seul un Etat peut y parvenir. La liberté d'expression d'une personne privée inclut le Droit de ne pas être d'accord avec ses adversaires, de ne pas les écouter et de ne pas les financer.

Pourtant, selon la doctrine dite des " droits économiques de l'homme ", un individu n'aurait pas le Droit de disposer de ses propres moyens matériels et de les utiliser selon ses propres convictions, mais devrait donner son argent sans discrimination à n'importe quel discoureur ou propagandiste, qui aurait ainsi un " droit à " ... ce qui ne lui appartient pas. Cela signifie que la capacité de produire les moyens matériels nécessaires à l'expression des idées serait ce qui prive un homme du Droit de penser ce qu'il pense. Cela signifie aussi qu'un éditeur devrait publier des livres qu'il trouve mauvais, falsificateurs ou pervers, que le financier d'une émission de télévision devrait rétribuer des commentateurs qui ont choisi de s'en prendre à ses convictions. Que le propriétaire d'un journal devrait livrer ses pages éditoriales à tout jeune voyou qui fait de l'agitation pour réduire la presse à la servitude. Cela signifie donc qu'un groupe d'hommes aurait le droit illimité de faire n'importe quoi, alors qu'un autre groupe se trouverait réduit à la dépossession et à l'impuissance.

Mais comme il serait évidemment impossible de fournir à quiconque les réclame, un emploi, un micro ou les colonnes d'un journal, qui décidera de la " distribution " des " droits économiques " et choisira leurs bénéficiaires, lorsque le Droit de choisir qui appartenait aux propriétaires aura été aboli? Eh bien, cela au moins, M. Minow l'a indiqué avec beaucoup de clarté.

Et si vous faites l'erreur de croire que tout ce qui précède ne s'applique qu'aux grands possédants, il serait temps pour vous de vous rendre compte que la théorie des " droits économiques " implique pour n'importe quel théâtreux en mal de spectacle, pour n'importe quel poète baba, pour n'importe quel compositeur de bruits ou pour tout " artiste " non objectif (pourvu d'appuis politiques), le " droit au " soutien financier que vous aviez choisi de ne pas leur donner en n'assistant pas à leurs exhibitions. Quelle autre signification peut avoir la décision de dépenser l'argent de vos impôts pour subventionner la " culture "?

Ainsi, pendant que des gens se promènent la bouche pleine de ces " droits économiques " le concept des Droits politiques est en train de disparaître. On oublie que le Droit de libre expression désigne la liberté de prôner ses propres opinions et d'en subir les conséquences, y compris le désaccord avec les autres, leur opposition, leur hostilité et leur refus de vous soutenir. La fonction politique du Droit de libre expression est de protéger les dissidents et les minorités impopulaires contre la répression violente, non de leur garantir le soutien matériel, les avantages et les récompenses d'une popularité qu'ils n'ont rien fait pour mériter.

La Déclaration des Droits stipule : " Le Congrès ne fera aucune loi... limitant la liberté de parole, ni celle de ta presse... ", il n'y est pas exigé des citoyens privés qu'ils fournissent un micro à l'homme qui prône leur destruction, ou un passe au voleur qui cherche à les cambrioler, ou un couteau à l'assassin qui veut leur couper la gorge.

Tel est l'état de l'un des débats les plus cruciaux du temps présent: celui où s'opposent les Droits politiques et les " droits économiques ". Il faut choisir. Car ils sont incompatibles entre eux, et les seconds détruisent les premiers. En fait, il n'y a pas de " droits économiques ", pas de " droits collectifs ", pas de " droits de l'intérêt général ". Le terme " Droits de l'individu " est une redondance: il n'y a pas d'autre forme de Droit et personne d'autre n'en possède.

Les partisans du capitalisme de laissez-faire sont les seuls défenseurs des Droits de l'Homme.

Ayn Rand dans The Objectivist Newsletter.

31/07/08

Travail de Fin d'Etude (6)

5. Annexes.

A) Interview de Simon Aubert, auteur des blogs « Libre et Libéral » et « Aperto Libro ».

Si tu devais adopter un symbole, quel serait il ? Pour quelles raisons ? Quelle est sa signification ?

Sans nul doute le Gadsden Flag, l'étendard de la Liberté, un des emblèmes les plus populaires du mouvement libertarien apparu lors de la Révolution Américaine. Il représente un crotale sur fond jaune accompagné d'un « Don't tread on me » (« Ne me marchez pas dessus ») vindicatif. Une illustration parfaite de l'axiome de non-agression et de l'esprit frondeur du mouvement.

Que représentent pour toi les termes « néo-libéral » et « ultra-libéral » ?

Une mauvaise pantalonnade dont on nous abreuve ad nauseam depuis quelques décennies. Il s'agirait de distinguer les « bons » libéraux, ceux qui sont prêts à se fourvoyer avec la social-démocratie (l'on peut assister à une telle corruption au sein du Parti Libéral -sic- en Suisse ou en Grande-Bretagne, se prévalant de la démocratie et d'un équilibre entre l'Etat et le marché -resic-) des libéraux historiques, héritiers de la pensée grecque, de Tocqueville, des Founding Fathers et plus récemment de Rothbard ou Hayek. Certains y percoivent une volonté à peine dissimulée de nous associer aux fascistes (néo-nazis, néo-fascistes, « ultra »..). Nos détracteurs s'en défendent en prétendant pourfendre une « forme pervertie de libéralisme » mais n'hésitent pas à affubler les seuls et uniques libéraux authentiques du préfixe « ultra ». Ils sont plus généreux avec « néo » : Sarkozy ( la nausée, toujours), Bush (lequel serait sans doute surpris), ou n'importe quel entrepreneur félon vivant des subsides de l'État. Etrangement, ils s'avèrent aussi parmi les premiers à voir dans le communisme un idéal noble, à mille lieues du fameux stalinisme ( car l'on sait tous que Lénine fut un homme de bien, sans cette folie typique des dirigeants soviétiques... une grande parade de génie). Moins commun, il m'est arrivé de lire dans la prose catholique intégriste des incongruités encore plus surréalistes : PolPot, Staline, Hitler... seraient libéraux (une note de la Trêve de Dieu, officine catholique dieu merci confidentielle, parue il y'a quelques temps). Novlang, Novlang..


Quelle est l’opinion libérale quant à des organisations supranationales comme l’ONU ou l’UE ?

Aujourd'hui l'un des plus grands périls qui pèsent sur la Liberté : l'union sacrée des tyrans, des despotes, des mafias, des gangs que l'on nomme « gouvernement ». La perspective de voir ces germes prometteurs d'un gouvernement mondial, centralisé ou pas, ne saurait ravir ceux qui combattent, et avec moult difficultés s'il en est, des gouvernements nationaux déjà par trop puissants. Le conseil des Droits de l'Homme de l'ONU est devenu un sujet de plaisanterie au sein de la communauté libérale, tant il est strictement l'inverse de ce qu'il prétend être. Il suffit de se rendre sur internet pour y retrouver les États qui y siègent. Orwell toujours : « la liberté, c'est l'esclavage ». Pour l'ONU, cela donne « les garants de la liberté, ce sont les esclavagistes ».
L'UE a rencontré à ses débuts une aversion moins vive de la part des libéraux pour une raison simple : facilitation des échanges et quelques gestes en faveur de la concurrence. Une époque aujourd'hui révolue: l'URSSE verse plutôt dans l'homogenéisation socialiste que dans la conquête de la Liberté.

Selon toi, pourquoi si peu de personnes sont touchées par les idées libérales ?

La crainte de la liberté n'est pas à proprement parler un phénomène nouveau. Etienne de la Boétie l'a merveilleusement bien analysée dans son « De la Servitude volontaire » il y'a de cela près de cinq siècles. Viennent aujourd'hui s'ajouter à la lobotomisation, à la cuistrerie profonde et l'inconséquence de la population près d'un siècle de propagande soviétique, à la dialectique rodée, travaillée pour séduire en jouant sur l'émotion, le pathos et le mensonge éhonté lorsque les libéraux se contentent de raisonner, en se fendant d'écrits non seulement brillants pour leur valeur démonstratrice, didactique, mais excellant par leur plume légère, leur liberté de ton. Ayn Rand, Spooner, et surtout le français Frédéric Bastiat en sont de parfaits exemples. Le même Frédéric Bastiat écrivait ceci : « Bon Dieu ! que de peine à prouver, en économie politique, que deux et deux font quatre; et, si vous y parvenez, on s'écrie : "c'est si clair, que c'en est ennuyeux." - Puis on vote comme si vous n'aviez rien prouvé du tout.»

Pourquoi « libre et libéral » ?

L'éthique libérale ne saurait suffire à vivre pleinement, il s'agit, ainsi que je l'écrivais plus haut, d'une philosophie qui se cantonne au Droit. Il convient d'y adjoindre une philosophie plus « personnelle », plus « complète » dont la subversion, l'esprit dissident, provocateur restent des éléments essentiels.

27/07/08

Travail de Fin d'Etude (5)

3. Synthèse.

A) Le libéralisme.

Le libéralisme est un courant de pensée (et non une idéologie) basée sur la liberté des individus et sur une vision individualiste du monde (on ne parlera d’ailleurs pas de peuple, mais d’un groupe d’individus). Cette philosophie, née durant le Siècle des Lumières, affirme que l’homme possède des droits naturels fondamentaux qu’aucun pouvoir coercitif ne peut violer. C’est dans cette optique que les libéraux s’opposent à toute forme d’état interventionniste ou totalitaire. Cependant il existe même au sein du libéralisme, différents courants pouvant être différenciés. Les deux grands courants s’opposant sont d’abord le conservatisme et le libertarianisme. Le premier ne désire pas de grand changement, préférant garder le système actuel avec ses aspects libéraux et anti-libéraux. Il défend la liberté sur le plan économique, mais dans une moindre mesure sur le plan personnel, il se fait partisan de certaines valeurs telles que le travail, la famille, la religion, la partie,… Et est un farouche défenseur de la propriété privée. Le second courant est principalement axé sur la disparition ou la minimalisation de l’Etat. Il est composé de deux grandes branches, la première, le minarchisme, est partisane d’un état minimal, limité à ses fonction régaliennes que sont la police, la justice et l’armée, transparent au maximum, cet état se doit de garantir le respect des droits des minorités. La seconde branche, l’anarcho-capitalisme, refuse à l’Etat toute légitimité qui soit, préférant un monde régulé par l’économie de marché plutôt qu’un état interventionniste.

Il est également intéressant de faire mention de l’agorisme, philosophie fort proche de l’anarcho-capitalisme, elle fut établie par Samuel Edward Konkin III, dans son Manifeste néo-libertarien. Les agoristes partagent la plupart des idées libertariennes, mais ils cessent totalement de croire en la légitimité du gouvernement et participent à la contre économie afin d’éviter tout contrôle et/ou taxation de l’Etat. Ce mouvement pacifiste ne reconnaît pas la propriété intellectuelle, mais est très favorable à la propriété privée, que celle-ci soit individuelle ou collective. Un dernier point qui les différencie des libertariens est le fait qu’ils ne sont fondamentalement pas contre la propriété publique, tant que celle-ci n’est pas sous contrôle d’un Etat quelconque.

B) Le capitalisme.

Au niveau économique, le libéralisme est partisan d’une économie de marché (capitalisme) et s’oppose ainsi au collectivisme ou à la simple intervention de l’Etat dans le système économique (keynésianisme). On peut définir le capitalisme comme étant principalement la privation des moyens de production (travail et capital), et de là, la liberté totale de disposer des biens, du travail et de ses fruits. Le capitalisme est évidemment partisan d’une certaine liberté dans les échanges économiques, et donc d’une ouverture des frontières.

Si notre société est régulièrement citée comme étant capitaliste, rien n’est plus faux puisque le capitalisme au sens premier du terme est contre toute intervention de l’Etat dans le système économique. Or, la moindre taxation ayant pour but de financer une quelconque organisation étatique, est une intervention de l’Etat, et ne nous permet alors pas de parler de capitalisme. On dira par contre économie mixte.

C) L’individualisme.

Le libéralisme est donc un courant de pensée individualiste, c'est-à-dire qui nie toute définition de l’individu comme faisant partie d’une communauté. Dans cette optique, ils s’opposent à toute doctrine holiste (selon laquelle l’individu serait entièrement ou du moins partiellement influencé par son environnement ainsi que par les gens qui l’entourent, faisant partie d’un corps social, l’individu serait donc subordonné à celui-ci, il devrait donc y accorder ses actes et ses choix) comme le socialisme, le communiste ou toute autre sorte d’étatisme ou de communautarisme. Cependant, les individualistes ne nient pas le fait que l’individu a besoin de la société pour vivre, il édicte alors une loi qui est l’axiome de non agression.

D) L’axiome de non agression.

Cet axiome est un pilier de base dans le libéralisme, avec le concept de droit naturel. L’axiome de non agression stipule qu’aucun individu ou groupe d’individu n’a le droit de porter atteinte à un autre individu ou à sa propriété. L’idée de cet axiome est que pour arriver à une société de paix, est que personne ne soit source de conflit.John Stuart Mill définit ainsi ce principe, dans son ouvrage De la Liberté :
« Ce principe est que la seule fin pour laquelle les hommes sont justifiés individuellement et collectivement à interférer avec la liberté d'action de n'importe quel d'entre eux est l'autoprotection. La seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée d'user de la force contre un de ses membres, contre sa propre volonté, est d'empêcher que du mal ne soit fait à autrui. Le contraindre pour son propre bien, physique ou moral, ne fournit pas une justification suffisante. »

E) Le concept de Droit Naturel.

Les droits naturels de l’Homme sont les droits qui découlent naturellement du fait que l’homme est un homme. Pour les libéraux, ces droits sont inaliénables, innés et tout gouvernant se doit de les respecter, et de tout mettre en œuvre afin de les faire respecter. Les droits naturels sont à différencier des droits dont l’homme dispose à l’état de nature, qui ne sont que le signe de la loi du plus fort. On parle également de jusnaturalisme lorsque qu’on parle de toute théorie sur le droit naturel.

D) Objectivisme.

L’objectivisme est une vision du monde qui, comme son nom l’indique, se base sur l’objectivité, préférant la réalité à tout produit subjectif de l’Esprit. Selon cette doctrine philosophique, la réalité est composée des phénomènes qui existent en dehors de l’individu et continue à exister si celui-ci cesse d’y croire. L’objectivisme randien, philosophie individualiste pensée par Ayn Rand qu’on peut appeler libertarianisme.

4. Conclusion générale.

Ce travail a été très enrichissant pour ma façon de réfléchir et ma mentalité. Il y a plusieurs choses chez moi que j’ai remis en question, surtout le fait que je faisais toujours une différence entre nazisme et socialisme. Après de longues réflexions personnelles, je me suis dit qu’au fond Hayek n’avait pas tord, et que sa théorie tenait la route.

Bien sur, je ne suis pas devenue libérale pour la cause, il y a des idées que j’apprécie dans le libéralisme, mais je suis également favorable à la présence de l’Etat et à son intervention dans les systèmes économiques. Pour moi, il est évident que l’Etat doit assumer ses fonctions régaliennes ainsi que l’enseignement, mais ça ne s’arrête pas là, je pense que des services comme les soins de santés et la sécurité peuvent être privatisés, mais que l’Etat doit tout de même y intervenir un minimum afin d’en garantir à chacun l’accès.

Les idées libérales ne sont pas moins légitimes que d’autres, elles sont tout autant subjectives, mais par rapport aux théories socialistes et communistes, elles semblent toujours d’actualité à l’heure actuelle, elle apportent également au monde une alternative aux idée planistes ou proches de celles-ci.

Travail de Fin d'Etude (4)

Chapitre quatorzième : conditions matérielles et fins idéales.

On remarque une montée du désintérêt envers l’économie, et dans un même temps une montée de l’impatience quant à toute restriction d’ambition immédiates, et également une faible disposition à se plier à diverses nécessités économiques. Dans un même temps, les vertus qui se voient être les moins appréciées sont celles sur lesquelles repose la société individualiste : l’indépendance, la confiance en soi, l’aptitude à défendre ses opinions contre la majorité, la disposition à aider son prochain,…

Dans une société libre, notre liberté individuelle ne permet pas la poursuite d’un but unique, si ce n’est pour des guerres ou des catastrophes naturelles qui sont le prix à payer pour la conservation de la liberté permanente, même la lutte contre le chômage ne peut en être une, en effet, si elle mérite notre sollicitude, elle ne doit simplement pas absorber tous nos efforts à l’exclusion d’autres buts personnels. La réalisation de la plupart de nos espoirs dépend d’un progrès économique rapide, possible à la condition que la liberté de chacun soit respectée.

Chapitre quinzième : les perspectives d’un ordre international.

L’abandon du libéralisme du XIXè siècle a coûté cher aux relations internationales. Les conflits internationaux provoqués par des conceptions variables du planisme nous fait comprendre que aussi longtemps qu’un pays jugera libre d’employer tous les moyens qui semblent utiles à ses intérêts, aucune paix durable ne sera possible, et toute tentative d’instaurer un ordre international sera vouée à l’échec. Car il ne faut pas que les relations internationales, au lieu d’être des relations entre individus, ne deviennent des relations entre nations économiques et entités organisées. Il ne faudrait pas que la victoire contre le nazisme marque le début d’un monde où de nombreux nationaux socialismes, différents mais semblables du point de vue totalitaire et planiste, entreraient périodiquement en conflit les uns avec les autres.

Une majorité de la population pense qu’en laissant au peuple le choix de décider, la solidarité au niveau intérêt des classes ouvrières de tous les pays triompherait de ce qui sépare les classes dirigeantes, ce qui contribue notamment à faire croire à la possibilité de mettre en place une organisation internationale démocratique adepte d’un planisme économique centralisé. Or, on remarque une impossibilité fréquente des autorité planistes à régler des conflit dans un contexte national, qu’en serait il alors d’une organisation identique dans un contexte international, avec plus de mentalités divergentes ?

Par contre, il est vrai qu’une entité supranationale dont le but serait de simplement aider les peuples plus pauvres à la reconstruction ainsi qu’à l’élévation de leur niveau de vie, peut être utile à partir du moment où l’aide se limite à ça. Il n’est pas nécessaire de mettre en place un plan, ou d’intervenir d’une quelconque manière dans la gestion économique du pays, mais simplement d’apporter une aide.

La forme fédérale semble, pour le libéralisme, la plus légitime afin de permettre à des peuples différents de créer un ordre international sans mettre de bâtons dans les roues de leur désirs d’indépendance. C’est la seule manière plausible de mettre en pratique l’idéal de la loi sur un plan international et de tenter de conserver une paix mondiale.

5/07/08

Travail de Fin d'Etude (3)

Chapitre huitième : pour qui ?

Un argument planiste revient assez régulièrement contre le système de concurrence, selon lequel ce dernier serait aveugle. La concurrence, comme la justice, n’ont pourtant que ce mérite de ne pas tenir compte des considérations personnelles.

L’alternative à ce système aveugle serait donc ce système planiste, où la volonté de quelques personnes décideraient de quoi attribuer et à qui. Un système qui offre de grandes possibilités de diminuer les inégalités des chances dans le sens où l’initiative personnelle serait sauvegardée, tout en imposant pas aux uns les opinions des autres.

Les planistes oublient, en développant leur théorie, qu’en mettant toutes les propriétés privées à la disposition de l’Etat (comme moyens de productions), il permet en même temps à celui-ci de décider de tous les revenus. Alors que dans une société à économie libre, on est dépendant d’un propriétaire dans la mesure où celui-ci nous offre quelque chose à de meilleures conditions que d’autres, c’est ainsi que va la liberté.

L’interdépendance de tous les événements économiques ne permet donc pas, comme certains le désirent, de « stopper » le planisme à un point voulu.

Les planistes voient dans l’égalité la solution pour leur idéal de justice distributive. L’égalité complète et absolue pour tous les individus, et dans toutes les situations. Dans une situation donnée, comme le bénéfice d’un travailleur, celui-ci ne peut prétendre la totalité de ce bénéfice en vertu de cette justice distributive, l’on devra alors distribuer le produit total du capital entre tous les ouvriers de l’entreprise.

On en revient donc au contrôle de l’Etat dans le système économique, ci-dessus dans la gestion du capital revenu de la force de travail. Les hommes voudraient ils dont se soumettre de cette manière à un pareil contrôle dans une société libre, ou demeureraient ils justement libre en s’y soumettant ? John Stuart Mill a tenté de répondre à cette question dans son livre Principes de l’Economie Politique :

« Le principe rigide de l’Egalité peut être imposé par le hasard ou par une nécéssité extérieure ; mais les hommes capables de soupeser chacun, comme dans une balance, et d’attribuer, selon leur bon plaisir et leur appréciation, aux uns plus, aux autres moins, de tels hommes devraient soit descendre du surhomme, soit être soutenus par une terreur surnaturelle. »

C’est pour ça que la restriction de notre liberté économique réduit également notre liberté spirituelle. Les socialistes comptaient sur l’éducation afin de changer ça, mais l’éducation n’a jamais changé des valeurs morales ou éthiques. Et c’est dans cette optique qu’a été mis en place, dans les pays socialistes, un énorme appareillage de propagande, dont les fascistes et les nazis ont fait si bon usage. Car ces derniers n’ont rien eu à inventer, ce sont les socialistes qui, avant eux, ont mis en place un parti qui dirigerait toutes les activités des individus de la naissance à la mort, lui dicterait les opinions à avoir sur chaque chose …

Chapitre neuvième : sécurité et liberté.

Les planistes prétendent également, comme au sujet de la liberté économique ci-dessus, qu’une sécurité économique est indispensable afin d’avoir la véritable liberté. C’est vrai, d’un certain sens, car un homme qui ne peut se fier à ses propres moyens pour réussir n’a que rarement un esprit indépendant et un caractère fort. Mais l’idée même de sécurité économique semble vague, car si le libéralisme désire une sécurité limitée qui peut être assurée à tous, sans être un privilège mais un attribut légitime pour chaque individu, le planisme, lui, désire une sécurité absolue qu’une société libre n’est pas capable d’assurer à tous, qui est donc considérée comme un privilège. « En principe, il n’y a pas d’incompatibilité entre l’intervention de l’Etat pour assurer une plus grande sécurité et la liberté individuelle » cependant, la trop grande intervention de l’Etat est une atteinte aux libertés individuelles. Mais en général, la protection minimale nécessaire contre les fluctuations économiques n’amène pas à une sorte de planisme, et n’est ainsi pas un danger pour nos libertés individuelles.

On entend souvent des planistes que le revenu des individus devrait être ajusté à leur besoin. C’est encore une atteinte à la liberté, car dans tout système libre, l’affectation de chacun dépend de son choix personnel, la rémunération doit être accordée à l’utilité de chacun pour les autres, même si ce n’est pas toujours à la mesure du mérite subjectif. La rémunération cesserait alors d’avoir le moindre rapport avec l’utilité effective de la chose, elle dépendrait de l’autorité supérieure qui déciderait dans un même temps des besoins et de la consommation de chacun. On doit avoir la liberté de choisir un travail quant à sa rémunération, si celle-ci est plus élevée dans une entreprise que dans une autre.

Nos deux société (planiste et libérale) s’éloignent donc sans cesse : l’une permet à l’individu de faire son choix, avec les risques qui y sont liés, l’autre dégage l’individu de toute possibilité de choix. La tendance actuelle à assurer la sécurité économique, tantôt à un groupe, tantôt à un autre, tend à augmenter ce désir de sécurité économique, mais on ne pense pas qu’en assurant la sécurité d’une partie de la population, on augmente nécessairement l’insécurité de l’autre partie. Et c’est là une des causes principales de la montée du taux de chômage et de l’insécurité des masses qu’on a vu se passer les dernières années.

Et ce n’est pas sans conséquence sur la psychologie de chacun : on observe chez l’individu vivant dans une société planifiée, un dénigrement systématique de toute activité économique comportant le moindre risque.

Benjamin Franklin lui-même disait à ce sujet :
« Ceux qui sont prêts à abandonner des libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté, ni sécurité. »

Chapitre dixième : la sélection par en bas.

La croyance des totalitaristes est basée sur le fait que, selon eux, l’aspect le plus répugnant de leur système est du à quelques accidents historiques, par exemple d’avoir été mis en place par des criminels et/ou des assassins. Il est vrai que les gens honnêtes n’ont pas toujours l’envie de participer au gouvernement, préférant confier les affaires publiques à des personnes qu’ils estiment compétentes. Cependant, dans un régime totalitaire, la façon dont le pouvoir est exercé dépend de la personnalité du dictateur. Il a existé des dictatures honnêtes, par exemple, et surtout, les régimes dictatoriaux diffèrent d’un pays à un autre. Dans un régime totalitaire, la base morale dominante dépendra donc de moindre mesure des qualités individuelles poussant à réussir, mais surtout des exigences de la machine totalitaire elle-même.

La condition qui précède la suppression des institutions démocratiques est évidemment le soutient des masse. Une majorité parlementaire serait inutile puisque ce sont ces mêmes institutions que les totalitaristes désirent supprimer. Et il est évident qu’un groupe soudé, présentant des opinions relativement convergentes a plus de chance d’être formé par les pires éléments de la société que par les meilleurs. Car plus on recherche l’uniformité, le parallélisme dans les vues de chacun, plus il faut s’abaisser là où les goûts et les instincts ordinaires sont de mise, et également là où le climat intellectuel est assez primitif, et c’est également là que se trouvent le plus de monde. Et un ennemi intérieur à la nation est également nécessaire à un chef totalitaire, un bouc émissaire sur qui rejeter tous les problèmes de la société.

Mais la politique collectiviste ne devient pas nationaliste que pour s’assurer le soutient d’un plus grand nombre. C’est également du au fait que croire en un but et un intérêt commun à tous les hommes revient à admettre qu’il existe une ressemblance dans la mentalité de tous les hommes. Hors cela est vrai dans un cercle restreint, mais pas au niveau mondial. Le socialisme, par exemple, est foncièrement internationaliste, mais on remarque qu’une fois mis en place, il devient violement nationaliste, comme nous l’avons vu en Russie ou en Allemagne.

Le point de vue de R. Niebuhr (développé dans L’Homme moral et la société immorale à ce sujet est assez intéressant :
« L’homme moderne a de plus en plus tendance à se juger moral simplement parce qu’il satisfait ses vices par l’intermédiaire de groupes toujours plus importants. »

On observe également chez les planistes et les totalitaristes un culte du pouvoir, qui mène ensuite directement du socialisme vers le national-socialisme, et affecte de cette manière leurs conceptions éthiques profondes. Tandis que les libéraux, et toute personne individualiste, rejettent le pouvoir en tant que mal pas excellence, le collectivisme quel qu’il soit le prend comme but principal. Ils pensent ainsi qu’en privant l’individu du pouvoir qu’il possède en société libre, et en le transférant à la société, ils pourraient supprimer ce pouvoir. Et pourtant, leur action est vaine : seul le système de concurrence peut, par la décentralisation, réduire le pouvoir exercé par l’homme sur l’homme.

Hayek énonce également que :
« Le pouvoir économique, même comme instrument de coercition, est toujours détenu par des individus particuliers, il n’est jamais exclusif et total, et n’est jamais un pouvoir sur la vie des hommes. Mais une fois centralisé, ce pouvoir devient un instrument politique qui met les hommes dans une situation qui diffère à peine de l’esclavage. »

On s’interroge sur le fait que le collectiviste possède ou non une morale lorsqu’on observe qu’elle ne désire pour l’individu aucune possibilité d’appliquer ses propres règles morales, et ne connaît d’ailleurs aucune règle que l’individu peut ou doit observer en toute circonstance. Le principe selon lequel la fin justifierait les moyens est totalement rejeté par les libéraux, c’est pour eux la négation même de toute morale. Une société individualiste se doit de défendre ou interdire toute action, sans prendre en compte le but final, du moment que l’action n’a pas pour but s’entraver les libertés individuelles. Dans une société collectiviste et/ou totalitaire, il n’y a pas d’acte que la conscience d’un individu pourrait l’empêcher de faire à partir du moment où un supérieur le lui ordonne, et de là, des actes de cruautés peuvent devenir banals, des actes qui nous révolte dans notre conscience affaires d’opportunité politique, … En bref, pour collaborer à l’administration d’un état totalitaire, il faut être capable d’obéir sans concession à l’autorité supérieure, quand bien même l’acte à accomplir violerait toutes nos règles morales.

Chapitre onzième : la fin de la vérité.

La manière la plus simple d’atteindre un but est que chacun croit en ce but. Car si l’oppression est moins ressentie dans un pays totalitaire qu’elle le serait dans un pays libéral, c’est du au fait que le gouvernement totalitaire a bien réussi à faire penser le peuple de la manière qu’il désire. Et la propagande usée à cette fin est d’une grande portée : elle détruit la morale en s’attaquant à la base même de toute morale, au sens premier et au respect de la vérité. Dans cette optique, l’autorité dirigeante du plan aura sans cesse à faire des choix sans se baser sur des règles morales définies, et devra ensuite justifier devant le peuple ses choix afin de lui faire croire qu’ils sont justes.

Et pour ce faire, il faut également faire admettre aux hommes que les valeurs qu’on leur propose sont authentiques, que ce sont des valeurs qu’ils avaient toujours appréciées sans les avoir parfaitement comprises ou reconnues avant.

Il n’est, certes, pas difficile d’empêcher une grande majorité de la population de penser indépendamment, mais la coercition ne doit pas se limiter à l’imposition d’un code éthique et moral sur lequel se baserait toute l’organisation sociale de la société. En effet, de nombreux articles de ce « code éthique » ne seront jamais formulés, et n’existeront qu’en fonction de l’évolution du plan. Car en fait, finalement, aucun domaine de la connaissance et de l’éthique ne peut être laissé sans contrôle, et toute activité doit trouver sa justification dans un but social.

Il n’y a donc, dans une société planifiée, pas de liberté de penser, puisque toutes les opinions publiques sont sculptées par la propagande afin de répondre aux attentes du gouvernement totalitariste. Et il est vrai qu’à la base, la majorité des hommes ne peut penser librement, et que cette même majorité accepte sans réflexion préalable des opinions toutes faites, en effet, la liberté de penser ne compte réellement que pour une minorité restreinte, mais il n’est certainement pas du pouvoir de quiconque de décider de qui profitera de cette liberté. Nul n’a le choix de décider de qui croira et de qui pensera.

En essayant de mettre des limites à l’intelligence, en bloquant son épanouissement, on ne fait que mettre des bornes à son développement, ce qui pourrait aboutir à « une stagnation de la pensée et à un déclin de la raison ».

Chapitre douzième : les racines socialistes du nazisme.

Les doctrines du national-socialisme sont l’aboutissement d’une longue évolution de la pensée à laquelle ont contribué beaucoup de philosophes très influents. C’est, par exemple, le soutient socialiste, qui a favorisé la montée du nazisme en Allemagne, car le nazisme ne s’oppose pas au marxisme à la base, mais à ses idée internationalistes et à ses éléments libéraux. Mais comme nous l’avons vu plus haut, le socialisme en évoluant, devient naturellement nationaliste de par sa base planiste. Et comme pour le socialisme, rien n’est plus méprisable aux yeux du nazisme que l’aspiration universelle au bonheur individuel. De la même manière, nazisme et socialisme rejettent le fait que l’état doive servir un quelconque intérêt individuel, mais au contraire, la communauté entière doit servir cet état, et l’individu n’a pas de droit au sein de cette communauté, mais seulement des devoirs. Hayek explique que dans une société totalitaire, qu’elle soit nationale-socialiste ou socialiste, « Il existe une vie qui prime celle de l’individu : la vie du peuple, la vie de l’Etat ; le but de l’individu est de se sacrifier pour cette vie supérieure ».

Par ces idées opposées à tout individualisme, le national-socialisme et le socialisme se sont autoproclamés alternative au libéralisme occidental. Pourtant, on remarque que, tant au niveau de la liberté ou au niveau économique, que l’URSS ou l’Allemagne nazie sont loin d’être un paradis terrestre.

23/06/08

Travail de Fin d'Etude (2)

Chapitre quatrième : Le planisme « inéluctable ».

Beaucoup de socialistes affirment que le planisme est inéluctable, de fait de circonstances échappant à notre volonté. Ce n’est pas un argument très développé, mais à force d’être répété, celui-ci prend la force d’un fait accompli, il est le produit d’opinions propagées et amplifiées durant plusieurs décennies, ces opinions ayant fini par dominer notre politique entière.

Le problème principal est, non pas le système de concurrence, mais au contraire le fait qu’il existe une tendance du marché vers le monopole, et que, du coup, nous n’avons plus le choix qu’entre le monopole et le contrôle de l’Etat. Cette tendance n’est, en fait, que le résultat de la politique pratiquée dans la plupart des pays, une politique de protectionnisme général, les aspirants au monopoles demandant (et obtenant) souvent l’aide des pouvoir publics. C’est également confirmé par l’histoire du déclin de la concurrence dans divers pays, et si ces phénomènes avaient été avéré comme résultat du progrès technique ou une nécessaire évolution du capitalisme, ils seraient logiquement apparus dans des pays ayant un système économique plus avancé. Mais ce n’est pas le cas, la tendance au monopole est d’abord apparue (au cour du des dernières décennies du XIXè siècle) dans deux pays industriels assez jeunes : les Etats-Unis et l’Allemagne. Dans ce dernier pays, la croissance des cartels et des syndicats a été encouragée depuis 1878 par une politique systématiquement protectionniste, mais également à la contrainte afin de favoriser la création de monopole (qui avaient alors pour mission de réguler les prix et les ventes). Les penseurs socialistes virent là la preuve formelle que le système de concurrence menait inévitablement à un système de « capitalisme de monopole ».

Mais tout cela était pourtant évitable, et n’était en fait que le résultat d’une politique délibérément adoptée par l’Etat. L’exemple de l’Angleterre, qui, jusqu’en 1931 évoluait dans un système relativement libéral et qui, dès cette époque, se mit à adopter une politique protectionniste.

Il n’y a, en fait, d’inévitable que les choses que nous voulons ou pensons être inévitable.

Un autre argument selon lequel le planisme serait inéluctable est le fait des progrès techniques de notre civilisation, qui créerait des problèmes nouveaux que nous ne pouvons pas espérer traiter efficacement autrement que par un système planiste. Cet argument est faux. Aucun centre ne peut connaître totalement, ni rassembler et disposer assez vite des détails nécessaires à propos des modifications qui affectent l’offre et la demande de divers produits. Notre société et son organisation nécessitent d’un appareil qui enregistre les effets des actions individuelles dont les indications sont en même temps la résultante et le guide de chacune des actions individuelles. Et c’est précisément ce que fait le régime des prix dans un système de concurrence.

Une autre théorie planiste, qui prétend qu’il existe une relation entre la croissance des monopoles et le progrès technique, emploie des arguments contraires à ceux que je viens de résumer. Cette théorie affirme qu’il sera impossible d’user d’une grande partie des possibilités d’une quelconque technique si on ne se défend pas contre la concurrence. Théorie facilement réfutable, du fait qu’elle se base sur une confusion entre la valeur technique considérée d’un point de vue scientifique, et la valeur envisagée au niveau de l’ensemble de la société. Et même s’il est vrai qu’imposer une standardisation permettrait d’obtenir un accroissement de l’abondance suffisant pour compenser la restriction de choix, ce serait ramener un vieux débat sur la table sur le fait de savoir s’il faut choisir entre obtenir un avantage par la contrainte, ou choisir en toute liberté. L’avantage de ce dernier choix est de laisser le champ libre au progrès futur imprévisible, malgré que ça reste le sacrifice immédiat d’un avantage matériel. Car s’il est vrai que les diverses inventions nous ont donné un pouvoir considérable, il est stupide de dire que nous devrions nous en servir afin de détruire l’héritage qui nous est le plus précieux : la liberté.

On peut s’interroger sur le pourquoi du fait que le planisme attire à lui tant d’experts techniques. La réponse est relativement simple : toutes leur idées pourraient être réalisées assez rapidement si ça devenait le seul but de l’humanité. « C’est parce qu’il voit ses ambitions frustrées dans son propre domaine que le spécialiste se révolte ».

Chapitre cinquième : Planisme et démocratie.

Tous les systèmes collectivistes peuvent être définis de cette manière : l’organisation des travaux de la société en vue d’un but social déterminé. La seule chose par laquelle ils diffèrent est la nature du but vers lequel ils tendent, pour se retrouver dans la haine du libéralisme, du capitalisme et de l’individualisme.

Mais ils ont oublié une chose : c’est que la morale n’est pas une. On ne peut créer un code éthique pour l’humanité entière, car celui-ci devrait diriger toutes nos actions et nos choix conformément à un plan unique, ce qui présumerait que tous nos besoins sont placés à leur rang dans un ordre de valeur assez complet pour permettre de choisir entre les différentes directions qui nous sont offertes par le système. La morale n’est, en fait, qu’une simple limite autours de la sphère à l’intérieure de laquelle l’individu peut faire ce que bon lui semble.

L’individualisme ne part pas, comme certains le prétendent souvent, d’une base égoïste, mais du fait que les limites de notre pouvoir d’imagination ne permettent pas de créer dans notre société une échelle de valeur, puisque celles ci n’existent que de façons partielles dans l’esprit de chaque homme, elles sont inévitablement diverses, et parfois incompatibles. L’individualisme conclut, à partir de là, qu’il faut laisser l’individu libre de se conformer à ses propres valeurs, à l’intérieur de limites assez vastes préalablement déterminées , et que dans cette optique, les fins personnelles de l’individu doivent être supérieures et échapper à la dictature d’autrui. « Reconnaître l’individu comme juge en dernier ressort de ses propres fins, croire que dans la mesure du possible ses propres opinions doivent gouverner ses actes, telle est l’essence de l’individualisme ». L’action commune, elle, étant limitée aux domaine où les individus sont d’accord sur des fins communes, créant dans ce but certaines organisation, comme l’Etat, qui ne restent finalement que des « personnes ». Ce n’est d’ailleurs qu’au moment où l’Etat se met à gouverner au-delà des accords qui ont aidé à sa naissance, qu’il devient dangereux pour les libertés individuelles.

C’est à ce moment qu’on voit ce qui peut arriver quand la démocratie s’engage dans la voie du planisme, qui requiert plus d’accord qu’il en existe, car les gens se seront mis d’accord sur le fait qu’un planisme centralisé est nécessaire, mais non sur le but final de ce plan. Alors on s’en remettra aux assemblées, qui marqueront leur inaptitude à exécuter ce qui parait être un mandat très clair du peuple, et ainsi discréditeront les institutions démocratiques aux yeux des planistes.

Et la faute n’est ni aux députés, ni aux institutions parlementaires, mais aux contradictions inhérentes à leur travail. On ne leur demande, en effet, pas d’agir là où ils peuvent se mettre d’accord, mais de se mettre d’accord sur tout, sur l’ensemble de la direction des ressources d’un pays. Et c’est parce que le système qui donne la décision à la majorité est inapproprié à cette tâche qu’elle échoue. Un plan digne de ce nom doit avoir une conception unitaire, et même si un parlement pouvait en procédant pas à pas, se mettre d’accord sur un projet, il ne satisferait certainement personne en définitive :

« Hitler na pas eu besoin de détruire la démocratie : il a simplement profité de sa décrépitude, et, au moment critique, il a obtenu l’appui de bien des gens qui, tout en détestant Hitler, le considéraient cependant comme le seul homme capable de faire quelque chose. »

Finalement, la démocratie n’est qu’un moyen pour sauvegarder la paix et les libertés individuelles. Il faut bien entendu souligner que ce n’est pas que la dictature supprime inévitablement la liberté, mais plutôt que le planisme mène toujours à la dictature du fait des arguments cités ci-dessus. Et que la dictature est le moyen le plus efficace de cœrcition afin d’arriver à un idéal défini.

Chapitre sixième : Le planisme et la règle de la loi.

Le gouvernement démocratique est lié, dans tous ses actes, par des règles immuables et préétablies, qui permettent de savoir que dans telles ou telles condition, le gouvernement réagira d’une façon déterminée. Ca permet, notamment, à chacun d’accorder sa conduite à ces prévisions, de vaquer à ses occupations tout en sachant que le gouvernement n’emploiera pas ses pouvoirs à le frustrer délibérément des fruits de ses efforts.

L’Etat libéral est un état amoral, impartial. Là où un Etat collectiviste dirige les actes de chacun vers des fins déterminée, là où l’Etat n’est alors plus une machine utilitaire dont le seule but est l’épanouissement le plus complet de l’individu, il devient alors un Etat moral.

« C’est la règle formelle de la loi, c’est l’absence de certaine catégorie de gens privilégiés qui garantit l’égalité devant la loi. »

Et cette égalité devant la loi est en contradiction avec tout effort gouvernemental visant à réaliser l’égalité matérielle entre tous les hommes. Les inégalités économiques dues à la règle de la loi ne touchent pas une catégorie de gens particuliers, c’est bien là l’objectivité de cette loi (qui doit évidemment être appliquée également en n’importe quelle situation, même si ça nous parait injuste).

Kant disait à ce sujet :
« L’Homme est libre aussi longtemps qu’il n’obéit à personne sauf aux lois ».

En effet, on ne peut nier que Hitler a obtenu le pouvoir de façon démocratique, cependant, ce qu’il a accompli ensuite n’est pas légitime d’un point de vue juridique. Dans une société planifiée, la règle de la loi ne peut subsister, car les pouvoirs coercitifs du gouvernement n’y seront plus limités par des règles préétablies. Car c’est en donnant à un gouvernement des pouvoirs illimités qu’un rend légale la gestion la plus arbitraire d’un pays : de cette façons, un despotisme le plus absolu peut, peu à peu, s’installer dans le pays.

Chapitre septième : Contrôle économique et totalitarisme.

« La démocratie politique peut subsister à condition qu’elle s’occupe de tout sauf des questions économiques » ainsi parlait Stuart Chase. Au contraire des théories de cet homme, la plupart des spécialistes du planisme pensent que l’économie dirigée, telle qu’ils la désire, doit être administrée par des moyens totalitaires. Au niveau des salaires, il est clair que quiconque détermine la rétribution, interdit dans un même temps le choix que l’argent autorise : il en fixe donc la nature en même temps que l’importance. Et en sachant que, pour le libéralisme, l’argent est un des plus beaux instruments de la liberté, le planiste qui désire réglementer la rétribution commet également pour eux une atteinte aux libertés individuellesà la liberté.

On peut comprendre le mépris des considérations uniquement économiques du fait simple qu’il n’existe pas de mobile purement économique, et c’est ainsi que se justifient certaines thèses selon lesquelles les questions économiques doivent être traitées secondairement dans l’existence de l’individu. Pourtant, aussi longtemps qu’une perte économique n’entrave pas la satisfaction de nos désirs, elle ne nous frustre pas tant que nous disposons librement de nos revenus. Le fait est qu’une perte est « uniquement » de caractère économique si nous sommes en mesure d’en détourner les effets vers nos besoins moins importants. L’individu aurait donc, dans une société libérale, à résoudre lui-même les problèmes économiques de sa vie, être contrôlé dans ce domaine signifierait toujours être contrôlé, et il semble évident que le contrôle économique est le contrôle de la vie même. Dans une société où l’économie serait d’un type de planisme centralisé, la société aurait alors pour mission de résoudre les problèmes économiques à la place de l’individu.

Et dans cette optique de diriger l’économie (et de là, notre vie privée), l’Etat planificateur exercerait également un contrôle sur notre consommation, et ce, par un contrôle systématique de la production nationale. Car, s’il est courant dans un système libre, de s’adresser ailleurs si notre choix parait insuffisant quelque part, dans une société monopoliste, cette capacité serait impossible, et ce monopole ne disposera pas seulement du pouvoir de décider du gain qu’il fera sur un produit, mais également de la décision quant à ce que nous recevrons et à quelles conditions. Ce n’est pas notre liberté qui décidera de nos préférences et de ce que nous pouvons acquérir ou non, mais une autorité supérieure qui exercera cette tâche.

Dans une société planiste, nos propres efforts ne nous permettraient pas de changer notre condition, ce qui rendrait alors intolérable des situations où le simple fait de penser que nous pouvons, par notre travail personnel, nous sortir d’une situation désagréable, nous ferait penser à un possible futur meilleur, même si nous n’avons pas nécessairement la force de caractère pour faire certains sacrifices dans cette optique. Le but final du planisme est, en fait, de faire de l’homme plus qu’un simple moyen de production au service de la société, l’individu le serait en effet plus que jamais, parce que le plan ne tient pas compte des préférence individuelles, l’Homme sera utilisé par l’autorité, sans égards, au service d’abstraction comme le « bien-être social » ou le « bien de la communauté ».

Une question reste, cependant, c’est de savoir si la réalisation d’un idéal de justice conçu par une personne déterminé n’entraînerait pas, en fait, plus de mécontentement et plus d’assujétion humaine qu’un système libre n’en a jamais produit. Car on dit souvent qu’il n’y a pas de liberté politique sans liberté économique.

6/06/08

Travail de Fin d'Etude: le Libéralisme

Dans le cadre de la fin de mes études secondaire, j'ai eu à faire un travail d'analyse d'un fait sociologique. Le sujet n'était pas imposé, j'ai donc choisi un thème qui me passionne: la politique.
De là je me suis demandé ce que je pourrais analyser... Et mon choix est finalement tombé sur le libéralisme.

J'avais déjà eu la chance précédemment de discuter sur divers forums avec des libéraux, et leur vision du monde, si je ne la partageais pas, me fascinait. Je me suis donc lancée dans la lecture de différents blogs libéraux, j'ai feuilleté maints ouvrages afin d'améliorer ma culture sur ce sujet.

Et finalement, mon choix pour le livre à analyser s'est porter sur La Route de la Servitude de Friedrich Hayek. Livre que je me suis appliquée à résumer, pour faire ensuite une synthèse sur le libéralisme.

Je vais poster chaque semaine une partie de ce travail sur ce blog.

Résumé du livre.

Chapitre premier : la route abandonnée.

Quand le cours idéologique, économique ou social de la civilisation prend un chemin inattendu, quand le péril guette notre société, toutes les choses possible et imaginables sont accusées, sauf l’homme lui-même. Le résultat de ses efforts est si différent de ce à quoi il s’attendait, qu’il accuse une sorte de puissance maléfique d’avoir ruiné nos efforts à zéro. Ici c’est le capitalisme qui est accusé, là bas le socialisme.

Ceci dit, il était tout de même convaincu d’une chose, c’est que les idées dominantes qui avaient été adoptées par beaucoup d’hommes de bonne volonté et qui avaient dicté et été la cause principale de transformations dans sa société, ne pouvaient être fondamentalement fausses. Il ne voulait pas se rendre compte que l’état actuel du monde (l’auteur écrit ce livre dans les années 40) résultait d’une erreur de sa part, et que certains idéaux qui semblaient mener le monde vers un avenir meilleur, ont en fait eu des résultats tout à fait différents que ce à quoi il s’attendait.

La seconde guerre mondiale est née d’une lutte d’idée au sein d’une civilisation relativement identique à toute l’Europe, et au sein de ce continent, les pays totalitaristes n’étaient pas les seuls pays où ces idées existaient. Et ces idées ne sont, sommes toutes, que des évolutions de ce que l’humain appelait utopie.

Le fait est que l’Homme a fait le monde tel qu’il est.

Et pourtant, si les tendances étaient vers le socialisme, Friedrich Hayek assure que la société actuelle a un fondement individualiste, l’individualisme hérité d’Erasmus, de Montaigne, de Cicéron, de Tacite, de Périclès et de Thucydide. Si le mot « individualisme » tend à prendre une connotation quelques peu négative, certains y entendant « égoïsme », c’est que tout le monde n’a pas compris que l’individualisme n’est, en fait, qu’une vision à opposer à tout collectivisme. C’est respecter l’individu en tant que tel, reconnaître que ses opinions ont autant droit à crédit que celle de n’importe quel homme, que ses goûts n’appartiennent qu’à lui. C’est également faire preuve d’une certaine tolérance envers autrui. Une société individualiste est une société où l’homme peut essayer de modeler son destin, comme bon lui semble, sans être empêché par quoi que ce soit, si ce n’est le respect de la liberté d’autrui. Dès lors que l’individu est débarrassé des idées dominantes obligatoires, dès lors que son désire de s’instruire n’est plus frustré par les croyances et l’éthique de la majorité, et au contraire, à partir du moment où la liberté a ouvert la voie au libre usage des connaissances nouvelles, dès que chacun a reçu la possibilité de tenter n’importe quoi, alors seulement la société peut progresser.

Au contraire de la plupart des idéologies, il n’y a rien dans le libéralisme qui puisse en faire un dogme figé, pas de règles stables, mais surtout le fait qu’il y a un principe fondamental disant que dans la conduite de nos affaires, l’homme dit faire le plus possible appel aux forces sociales spontanée, et ainsi éviter au maximum l’usage de la coercition.

Chapitre second : La grande Utopie.

La promesse du socialisme est une liberté nouvelle pour l’Homme, il s’opposait au libéralisme de la Révolution française, on se souvient rarement que, à ses débuts, le socialisme était ouvertement autoritaire, que les philosophes qui posèrent par écrit les bases de cette idéologie étaient persuadés que leurs idées ne pouvaient être mise en place que par un gouvernement dictatorial. Saint Simon prédisait même que ceux qui n’obéiraient pas à ses plans seraient traités comme du bétail.

C’est seulement par l’influence des forces démocratiques qui précédèrent la Révolution de 1848 que le socialisme s’allia doucement avec les forces de la liberté. Mais il lui fallu longtemps pour effacer un passé autoritaire pourtant toujours présent à sa base.

Tocqueville lui-même assurait que la démocratie était inconciliable avec le socialisme, ce premier ayant une base clairement individualiste comme il le démontre ici, dans son discours prononcé à l’Assemblée constituante le 12 septembre 1848 sur la question du droit du travail :

« La démocratie étend la sphère de l’indépendance individuelle, la socialisme la resserre. La démocratie donne toute sa valeur possible à chaque homme, le socialisme fait de chaque homme un agent, un instrument, un chiffre. La démocratie et le socialisme ne se tiennent que par un mot, l’égalité ; mais remarquez la différence : la démocratie veut l’égalité dans la liberté et le socialisme vaut l’égalité dans la gêne et la servitude. »

Pour infirmer ces accusations et accroître le nombre de ses partisans, le socialisme fait alors la promesse d’apporter une Nouvelle Liberté. L’avènement du socialisme serait alors le passage du règne de la nécessité au règne de leur nouvelle liberté. Mais leur liberté est fausse, ils désirent une vie libre qui serait, selon eux, libérée du « despotisme du besoin physique » et relâchée des « contraintes du système économique ». Cette promesse d’une Nouvelle Liberté était également accompagnée de la promesse d’un accroissement considérable des richesses matérielles, par on ne sait quel miracle, qui permettrait la disparition des grandes inégalités qu’il existe au sein de la société, tant au niveau des choix possibles des individus qu’au niveau des ressources dont chacun disposerait pour vivre. Cette Liberté Nouvelle n’était donc, en fait, rien d’autre que l’exigence d’une répartition égale des richesses.

Aucun doute, sur le fond, que cette promesse d’une nouvelle liberté était devenue la plus grande arme du socialisme, la tragédie est qu’il a été prouvé par la suite que cette Liberté tant promise ne menait qu’à la Servitude.

Mais peu à peu, des gens se sont mis à exprimer de nouveau des appréhensions quant au socialisme. En tant qu’observateurs, ils ne voyaient pas grande différence entre communisme et fascisme, il ne les voyaient pas comme des pôles opposés ainsi que se plaisaient à dire les progressistes un peu partout dans le monde.

De retours d’URSS, Max Eastman, le vieil ami de Lénine, était obligé de reconnaître dans son ouvrage sur la Russie stalinienne et sur la crise du socialisme que :

« Au lieu d’être meilleur, le stalinisme est pire que le fascisme, plus cruel, barbare, injuste, immoral, anti-démocratique ; aucun espoir ni scrupule ne le rachète. […] Il est proprement un super fascisme. »

Il conclut en affirmant que :

« Le stalinisme est le socialisme, en ce sens qu’il constitue un accompagnement inévitable encore qu’inattendu de la nationalisation et de la collectivisation sur lesquels on comptait pour édifier une société sans classes. »

Et il n’est pas le seul socialiste convaincu à avoir ainsi perdu toutes ses illusions en voyant l’expérience soviétique. Citons par exemple l’américain W. H. Chamberlin, qui, après 12 années passées en Russie en tant que correspondant de presse, déclara dans son libre « une fausse Utopie » que :

« Le socialisme est certainement, tout au moins à son début, la route qui mène non à la liberté, mais à la dictature et aux contres dictatures, à la guerre civile la plus féroce. Un socialisme accompli et maintenu par des moyens démocratiques paraît définitivement appartenir au monde des utopies. »

Chapitre troisième : Individualisme et collectivisme.

Il y a deux aspects dans le socialisme : d’abord, la finalité de justice sociale et d’égalité développée par ses éminents philosophes et ensuite le moyen qui est la création d’une économie planifiée afin d’arriver au socialisme. Il souligne que l’on peut partager les fins et non les moyens que l’on peut trouver dangereux. Ainsi, certaines personnes se donnent à elle-même le nom de socialiste, sans en partager toutes les idées des moyens pour y arriver. L’auteur relève là deux dangers :

D’abord l’assimilation du refus des moyens (la planification) à celle du refus des fins (également la planification) et ensuite et surtout, le fait que la planification peut servir à beaucoup de choses qu’à la justice sociale.

Un autre problème: on présente en général dans les années d’écriture de ce livre (1940) le planisme comme étant supérieur à la concurrence économique, car le premier oriente volontairement et coecitivement les comportements des agents vers un but commun. On en vient alors à reprocher à la concurrence d’être aveugle, de ralentir le progrès et ainsi ne pas permettre à l’humanité d’accéder au meilleur. Pour Hayek, le débat est en fait ailleurs : il s’agit de savoir si le gouvernement sait mieux ce que les individus veulent ou pas que les individus eux même. Car le planisme implique d’avoir un organisme qui gère centralement l’économie ou une autonomie laissée aux individus, et ainsi, l’Etat ou cet organisme centralisateur serait une entrave à ces libertés individuelles que défend l’auteur dans cet ouvrage.

Le libéralisme est basé, au contraire du socialisme et son économie de marché, sur l’idée que la concurrence permet de faire un meilleur usage des forces individuelles en coordonnant les efforts humains. Il affirme que la concurrence est la seule méthode qui permet d’ajuster nos activités les unes aux autres sans une intervention coercitive ou arbitraire de l’autorité. Et dans cette même optique, il est essentiel pour le libéralisme que tout ce qui se vend puisse être vendu en toute liberté, et que chaque individu puisse acheter librement ce que bon lui semble, quel que soit le prix. Par contre, il existes certaines mesures étatique étant compatible avec la concurrence : l’interdiction de certaines substances toxiques, limiter les heures de travail, prescrire certaines mesures sanitaires,… La préservation de la concurrence n’est pas incompatible avec l’organisation d’un système de services sociaux, tant que ce système n’a pas pour but d’aller à l’encontre de la concurrence. Un système juridique est également envisageable, afin de préserver et rendre plus bienfaisant possible la concurrence économique. Car, et Hayek le précise page 35, « Il n’y a pas de système rationnellement soutenable dans lequel l’Etat ne ferait rien. »